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Hélé BEJI, Nous décolonisés. Arléa, 2007

 

 

Voici un livre comme on aimerait en lire beaucoup! Il s'agit d'un intellectuel tunisien qui ose faire , non point le procès de la colonisation, mais celui de la décolonisation. J'ai rarement vu une critique aussi talentueuse et aussi décapante des élites tiermonidistes ou anticolonialistes.  Sans être frappé d'une admiration béante face à  l'Europe et à ses avances sociales, technologiques et philosophiques, l'auteur brosse un tableau frappant de la situation dans son propre pays, mais aussi dans la majorité des pays d'Afrique ou d'ailleurs, ayant secoué le joug de la la colonisation…

    En fait, son histoire aurait pu avoir le sous titre suivant; l'avenir d'une cruelle désillusion. Alors que la puissance coloniale était considérée comme la source de tous les maux (en arabe (ssar al-asrar), voire même la cause d'une dépersonnalisation pouvant aller jusqu'au génocide culturel (décidément une expression bien à la mode!), son départ, en apparence, n'a rien changé! Pire, les abus, désormais commis par les révolutionnaires d'hier, sont encore plus graves que ceux généralement commis par les persécuteurs d'hier… Ce qui les rend d'autant plus insupportables.
    Il serait imposssible de s'arrêter sur tous les points mais l'élément dominant ne peut être méconnu dans cet ouvrage: c'est la déception, le laisser aller, le recul, le déclin, voire même la décadence. Mais l'auteur ne porte pas assez fermement le fer dans la plaie. De quoi souffrent les musulmans aujourd'hui? D'une exégèse passéiste de leurs textes sacrés, diront les observateurs …
    Depuis près de 60 ans, la plupart des pays arabo-musulmans ont accédé à l'indépendance. Et que se passe-t-il? rien ou presque. En plus d'un demi siècle, quelle est l'œuvre littéraire philosophique, littéraire, technique ou autre, produite dans les anciennes colonies de l'Occident?
    L'auteur fait preuve d'une grande lucidité et d'un non moins grand courage en écrivant ceci sur l'exode forcé des juifs de Tunisie: les Juifs sont presque tous partis, ils ont quitté leur sol natal alors qu'ils y habitaient depuis des générations et qu'ils n'envisageaient l'exil que comme la mort . N'étaient-ils pas aussi des concitoyens?  Ne sommes nous pas capables de cette tolérance qu'en trépîgnant nous réclamons des Occidentaux? ( p 98)
    Un livre très riche. A lire!

 

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