La flamme olympique à Paris…
Il y a eu une tempête hier matin à Paris alors que je me trouvais à Genève pour donner mes conférences hebdomadaires à l’Université. Je ne pouvais pas imaginer que les opposants à la politique chinoise mobiliseraient à ce point, de sorte que les éditorialistes de ce matin leur donnent tous raison. La presse, unanime, parle de fiasco, de chaos, de ratés et autres termes amènes pour qualifier ce qu’i s’est passé lors de la traversée de la flamme olympique dans la capitale française. Et tout laisse penser que l’agitation (légitime) ne faiblira pas. Comment faire comprendre aux autorités chinoises que la politique de déni qu’ils adoptent ne marchera pas et que le monde civilisé ne fonctionne pas selon leurs critères ?
Les premières réactions de leurs organes de presse sont éloquentes. La tonalité générale met en cause la compétence de la police française. Là, les Chinois sont injustes. Ce n’est pas la même conception des droits de l’homme, des manifestations de citoyens, à Paris et à Pékin. Chez nous, et dans les nations civilisées, on ne tire pas à vue sur des manifestants, on n’exécute pas publiquement des délinquants, on ne jette pas en prison des gens pour des délits d’opinion… Que les Chinois lisent donc l’éditorial indigné de Jean D’Ormesson dans le Figaro de ce matin et ils comprendront… Ou bien faut il jeter à terre l’Académicien, le matraquer et l’embastiller s’il lui prenait l’envie de marquer publiquement son soutien au Tibet ? ON ne traite pas ainsi l’esprit ou l’aspréité à la liberté !
Nos amis chinois exagèrent. Ce qu’ils croyaient être une consécration universelle de leur politique par l’acquisition des Jeux tourne à l’opprobre à la dimension du monde. Les Tibétains ont des droits et les Chinois doivent les respecter. La preuve –et la meilleure- c’est que le CIO envisage de mettre un terme à la traversée de la flamme olympique. Du jamais vu ! Et le passage de la flamme à San Fransisco s’annonce assez mouvementé. Alors, peut-être pouvons nous espérer un retour du bon sens à Pékin ?
La chancelière fédérale, Madame Angela Merkel a dit et bien dit qu’elle n’irait pas à Pékin pour les cérémonies d’ouverture… Il est encore temps pour les Chinois d’inverser la tendance : le feront-ils ?
Je vous recommande la lecture attentive du débat paru dans le Figaro d’hier entre deux sinologues éminents, Jean-Luc Domenach et François Jullien. Je l’ai lu lundi marin dans le train. On y découvre d’intéressantes analyses sur la culture et le mentalité chinoises, si différentes de nos points de vues occidentaux qui donnent de la place et de l’importance à l’individu, au libre arbitre et aux minorités. Chez les Chinois, rien de tout cela, apparemment !
Entre temps, il y aura certainement des conséquences au niveau de la direction de la police à Paris. Décidemment, les Chinois ont visiblement commis une erreur d’analyse concernant le Tibet et le Dalaï Lama. On se souvient de cette phrase cynique de Staline : Le pape, comment de divisions ? On pourrait lui donner une réponse tout aussi cynique : plus d’un milliard de divisions blindées, invisibles et invincibles, mon Général… La preuve…