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MARIAGE ET VIRGINITE…

 

MARIAGE ET VIRGINITE…
    Cette affaire d’annulation d’un mariage au motif que la mariée n’était plus une fille fait couler beaucoup d’encre… Elle pose beaucoup de problèmes et de questions qui sont d’ordre différent. D’abord, il y a la décision du juge de première instance qui fit connaître l’affaire et lui assura une publicité dont les parties se seraient, je pense, bien passées. Si je laisse cet aspect de côté, c’est par respect à l’égard des juges et aussi parce que cette décision ne restera pas telle quelle dans les mois à venir.  Mais c’est aussi en vue de libérer la jeune femme d’un lien conjugal qui n’avait pas d’avenir et en raison de conceptions philosophiques et religieuses radicalement différentes des deux parties contractantes. Donc d’une impossibilité d’une vie en commun.
    Je m’en tiendrai à l’approche du philosophe qui tente de comprendre  (sans avoir à justifier ni à excuser, ni même à approuver) et à éclairer l’arrière-plan de toute cette controverse : que recouvre cette exigence ou cette volonté d’épouser une jeune fille qui n’est pas encore femme, c’est-à-dire qui est encore vierge ?
    Il n’a échappé à personne que les deux parties sont de religion islamique et l’on sait que les sociétés musulmanes, axées autour du régime patriarcal, ne  donnent pas à la femme un immense rôle dans la conduite du foyer ni dans les grandes décisions du couple, C’est toute la civilisation sémitique (Juifs, Musulmans etc) qui tient à accorder à la femme un statut inférieur à celui de l’homme. Pourquoi ? Parce que, à leurs yeux,  la perte de la virginité hors le cadre du mariage est synonyme de débauche… On pourrait dire qu’en deux mille ans d’histoire, la culture et la civilisation (surtout européennes), les mœurs ont radicalement changé, que la femme a les mêmes droits que l’homme, et surtout que la découverte de la psychanalyse a montré que la sexualité assumée, vécue harmonieusement, est indispensable à l’équilibre de l’être…
    Mais ces conquêtes semblent s’arrêter au seuil de certaines cultures et de certaines religions. D’où provient cette réserve qui peut paraître légitime aux yeux de certains ? Dans la Bible hébraïque, par exemple, on stipule que les Aaronides, c’est-à-dire les descendants de la caste sacerdotale, i.e. les prêtres chargés du service au Temple de Jérusalem, ne peuvent pas épouser de femmes prostituées, de mauvaise moralité, ils doivent se marier avec «une femme qui a son hymen» (isha bi-betuléha), ce qui veut dire une jeune fille vierge.  Et on connaît les interminables controverses exégétiques qui opposèrent Juifs et Chrétiens au sujet des termes bibliques de betula et de na’ara ou de ‘alma, trois termes censés dénoter la virginité.
    Si la dignité de la prêtrise semble indiquer de façon claire que c’est là une condition sine qua non, le texte ne dispose pas de même pour le reste de l’humanité. Et que je sache, le judaïsme et l’islam n’interdisent pas d’épouser une veuve ou une femme divorcée. En revanche, le christianisme qui n’accepte pas le divorce au motif que le mariage est un sacrement, n’interdit nullement d’épouser une veuve… Ce qui eo ipso, limite sévèrement l’importance accordée à l’hymen. Pour être plus précis, on rappellera le rôle éminent accordée à la <Vierge Marie, dite «Mère de Dieu», la seule personne ( avec son fils) à avoir été soustraite au péché originel grâce à ce miracle nommé par la théologie catholique l’>Immaculée Conception.
    Mais aujourd’hui, au regard des us et coutumes des sociétés modernes, comment invoquer un manquement à la parole donnée, à la certitude d’avoir affaire à une vierge, pour faire annuler un mariage ? A une époque, où les hommes et les femmes sont libres de façonner leur existence à leur guise, on s’étonnera de voir cette condition érigée en dogme intangible… La virginité a peut-être, jadis, été exigée car elle garantissait la bonne moralité de la femme, mais aujourd’hui cela exclurait quelques milliards de femmes de la bonne moralité et d’une conduite vertueuse…
    Enfin, j’ajouterais que l’on se marie par amour. Parce qu’on veut bâtir quelque chose en commun, fonder une famille, en un mot s’aimer. Ne pas confondre aussi sexe et amour, même si nous souhaitons à tout un chacun aillent de pair.
    Quand on vit dans un pays comme le nôtre, que l’on se marie devant le magistrat de sa ville, en l’occurrence le maire, on ne peut arguer de motifs d’un autre âge pour annuler une union. Ce n’est pas un bon service que le requérant (peut-être sous la pression de ses proches ou d’autres) a rendu à sa communauté ni à lui-même. Si l’on revendique quelque chose pour l’autre, il faut avoir l’honnêteté de l’appliquer à soi-même.  En agissant de la sorte, c’est-à-dire en discriminant la femme en tant que femme, on montre que l’on ne s’identifie guère à la socio-culture du pays où l’on vit.
    J’ai lu dans certains articles de journaux ces jours ci que des jeunes filles qui ne le sont plus depuis longtemps vont recourir discrètement aux services d’habiles chirurgiens afin de faire croire à leur futur conjoint qu’il a affaire à Eve au premier matin de la création…
 

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