L’INTERVIEW D’EHUD BARAK AU JOURNAL LE MONDE
c’est Ehud Barak, le ministre de la défense d’Israël, qui fait la manchette du Monde en date du 20 juin. Le ministre d’Israël est en visite de travail à Paris pour deux jours. Les informations qu’ils donne dans son dialogue avec les journalistes sont de trois ordres : la bombe iranienne, la Syrie et le Hamas. Il convient de commenter les déclarations du ministre :
a) la bombe iranienne inquiète gravement les Israéliens et on peut les comprendre. Ils préconisent donc un renforcement des sanctions, notamment économiques et financières, en s’adjoignant les services de pays comme la Russie, la Chine et l’Inde. Ehud Barak insiste sur le fait qu’il faut lâcher du lest à l’égard des Russes et implore les USA de suivre cet exemple. Les Russes sont très sensibles à de l’indulgence à leur égard lorsqu’ils combattent le terrorisme tchétchène. Ils ne digèrent toujours pas l’étalage de l’hyper puissance américaine, notamment que celle-ci pousse l’OTAN jusqu’aux anciens Etats de l’ex URSS. La nouvelle administration devra donc faire des concessions.
b) Les réflexions sur la Syrie sont très édifiantes et précises. Il ne s’agit pas encore de négociations mais de pourparlers préliminaires qui pourraient éventuellement déboucher sur autre chose. On sent entre les lignes que le général se démarque quelque peu des déclarations de son premier Ministre Olmert. Voici les priorités de Bachar el Assad, selon Baral : d’abord sauvegarder les intérêts de la famille Assad, c’est-à-dire du régime ; ensuite gagner l’estime des USA dont les milliards affluent dans l’Egypte voisine alors que la Syrie est au bord de l’asphyxie économique. Avoir un rôle prépondérant au Liban, notamment au plan économique. Et le Golan n’arriverait qu’à la fin. Barak se fonde sur des négociations avec le père de Bachar pour établir cette classification des priorités. Ce qui est révélateur,n ce sont les déclarations du général sur le Golan : nous l’aimons beaucoup, dit-il, nous l’avons conquis de haute lutte, mais nous sommes à la fois assez forts pour le garder que pour le rendre, car la situation stratégique a changé… Donc, une déclaration qui laisse augurer des changements en Israël…
c) La question du Hamas est liée à la précédente : si l’on détache la Syrie de l’Iran, ce dernier pays apparaîtra sous son vrai visage, à savoir une puissance musulmane chiite, non arabe, poursuivant des vues hégémoniques dans la région. La Syrie aurait alors intégré le camp des Etats arabes modérés, suivant Washington, tandis que le Hamas et le Hezbollah en seraient inéluctablement affaiblis puisqu’ils seraient privés du soutien de l’ancien allié syrien…
Pour le reste, le ministre n’est pas contre l’invitation de Bacahr el-Assad à Paris pour le défilé du 14 juillet.