MAIS QUE VEUT DONC L’IRAN ?
Si l’on scrute avec attention les faits et gestes de l’Iran , ou plus précisément ceux de son Président, on se défend mal d’une impression de confusion et d’improvisation. Au fond, cet activisme désordonné et dangereux masque mal le grand isolement de ce pays qui poursuit, depuis l’avènement de la république islamique, des objectifs hors de portée de son économie et de sa diplomatie.
C’est un véritable désastre. Comment s’explique-t-il ? Toute révolution ne peut prospérer chez elle que si elle se propage à l’étranger. Et sur ce point, l’Iran a fait chou blanc. Face à cet échec et surtout à l’opposition frontale des Etats Unis, les différents gouvernements, même dits modérés, n’ont eu d’autre possibilité que la fuite en avant. Pour sortir de cette impasse, l’Iran s’est alors assigné un objectif destiné à le renforcer vis-à-vis de l’extérieur et à s’assurer une position hégémonique face à un environnement exclusivement arabe (on se souvient de l’épuisante guerre contre l’Irak). N’oublions pas que les autres Etats voisins, tous producteurs et exportateurs de pétrole, sont des amis de longue date des USA et abritent, pour certains des bases américaines sur leur territoire… Ce qui n’est guère rassurant pour Téhéran.
Comment réagir ? L’Iran a choisi d’acquérir la bombe d’une part, et de prendre la tête de la lutte contre Israël, d’autre part. Ce sont les deux axes de sa politique, non seulement de puissance mais aussi de survie. Mais les Arabes, rivaux historiques, laisseront-ils faire ? C’est peu probable. Depuis quelque temps déjà, les attaques verbales iraniennes, fort déplacées, se multiplient. On se menace désormais de raids aériens et de tirs de missiles en guise de représailles…
Enfin, les développements de la diplomatie inquiètent toujours plus les Iraniens. Le Hezbollah, sentant le vent tourner en Syrie, accélère les négociations avec Israël, le Hamas, lui-même, épuisé par le blocus, va rendre Gilad Shalit prochainement (il ne peut faire autrement), la Syrie elle-même ne cache plus sa volonté de négocier avec l’Etat juif… Toutes les puissances poussent dans la même direction : l’UE, les USA, les pays arabes modérés, la Turquie…On a l’impression que Téhéran sera sous peu réduit à faire de la figuration auprès de deux mouvements terroristes, unanimement condamnés et rejetés, le Hamas et le Hezbollah. Or, sans leur parrain syrien, ces mouvements disparaissent… Téhéran peut affirmer avoir arrêté un espion, prétendument responsable de sabotage et de malversations, cela ne change rien fondamentalement à la situation actuelle.
En conclusion, les surenchères verbales risquent fort de valoir à leur auteur des réactions qui seront tout sauf verbales car si Israël et les USA prennent le dossier iranien à bras le corps, même la Syrie ne volera pas au secours d’un pays dont les forces armées sont sous équipées et que les Forces Spéciales américaines visitent impunément depuis un an.
Une voie autre pourrait s’imposer aisément et qui changerait tout, celle de la paix. Mais pour l’emprunter il faut de la sagesse. Et comme dit l’auteur du livre de Job (ch. 28) : Mais la sagesse où la trouve-t-on ? Et où est l’emplacement du discernement ?