Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’INTERVIEW DU PRÉSIDENT CACHAR AL ASSAD AU FIGARO

L’INTERVIEW DU PRÉSIDENT CACHAR AL ASSAD AU FIGARO
Dans le grand quotidien national français d’hier, on peut prendre connaissance d’une longue interview du président syrien . Disons d’emblée qu’elle n’apporte rien de vraiment nouveau et qu’elle brille même par son excessive prudence. C’est l’aspect le plus important de cet entretien qui livre tout de même aussi un indice important sur les coulisses d’un pouvoir parmi les plus opaques au monde : le jeune président qui n’a accédé au pouvoir qu’à la suite de la disparition tragique de son frère aîné, peine à s’affranchir de la tutelle, voire de la mainmise de la vieille camarilla qui surveille ses faits et gestes. Or, dans le régime syrien, habitué aux coups d’Etat, ce sont l’armée et le parti Baas qui ont le premier et le dernier mot…
En revanche, certaines déclarations, même formulées avec le plus grand soin, confirment ce que je relevais précédemment, à savoir la nécessité d’ouverture pour échapper à l’isolement international et à l’asphyxie économique, deux dangers qui pourraient être fatal au régime en place.
Il y a donc eu un débat interne aux premiers cercles du pouvoir et le président a pu faire admettre qu’une nouvelle politique, timide à ses débuts, était nécessaire, voire vitale. Et on sait combien le clan est attaché à sa survie.
Que dit l’interview ? Elle aborde quelques points majeurs : La politique internationale, le conflit israélo-arabe et la situation intérieure syrienne.
Le président syrien reconnaît que la France lui offre une magnifique ouverture sur la scène internationale : les USA sont hors jeu pendant la campagne électorale, sans même parler de leur exécration du régime d’el Assad… Il saisit la chance de sa vie en se rendant au sommet du 13 juillet pour l’Union de la Méditerranée à Paris. D’une certaine manière, la France lui offre une main secourable qui le rend fréquentable alors qu’on le considérait comme un pestiféré (voir ce que pensait Jacques Chirac du régime syrien…)
Sur le conflit avec Israël, le président syrien est étonnamment clair, signe d’une évolution majeure du régime. Il ne se cache pas, évoque ouvertement la perspective de négociations directes avec Israël et se sert comme d’une feuille de vigne de la garantie américaine à venir : pas de contact avec l’administration Bush il faut attendre le résultat des élections… Comme si le président Bush était demandeur… Le président syrien a visiblement fait des progrès en matière de négociations diplomatiques. Quand on lui pose la question sur son alliance avec Téhéran, dont tout devrait, en bonne logique, le séparer, el-Assad esquive et souligne que chaque Etat a le régime qu’il s’est choisi… La ficelle est encore plus grosse pour ce qui est du Liban : nous sommes prêts, dit-il, à y ouvrir une ambassade, ce sont les Libanais qui en en empêchaient en raison de leurs dissensions internes et d’une politique peu aimable à notre égard. Et pui, ajoute-t-il,  il y a plusieurs dizaines d’Etats avec lesquels nous n’avons pas échangé d’ambassadeurs, est-ce à dire que nous ne les reconnaissons pas ? Paradoxes qui seraient savoureux pour tout palais, sauf libanais ! L’enquête sur la mort d Rafic Hariri est traitée avec distance, comme si le régime syrien n’avait rien à y voir.
C’est sur la situation intérieure syrienne que le président est le plus innovant car il reconnaît (et c’est une première, dans un journal occidental) que la nature du pays, de son histoire et le caractère de ses habitants ne permet pas l’instauration d’un régime démocratique digne de ce nom. Assurément, je ne reprends pas ses propres mots, mais c’est ce qu’il dit… Par antiphrases, il reconnaît que la démocratie est pour après-demain dans un pays qui vit sous l’état d’urgence depuis un bon demi siècle…
Ah, l’Orient…

Les commentaires sont fermés.