LE MYSTÈRE D’UNE ÉTRANGE CONVERSION…
ou comment une belle jeune femme a tout laissé tomber pour se consacrer à la piété
Dans le journal Le Monde, en date du 30 août, à la page 16, dans la rubrique décryptage, on peut lire un intéressant article sur une star de la télévision et de la radio israéliennes, Noa Yaron-Dayan, qui, après une vie dissolue et mondaine au plus haut point, a, de son propre aveu, tout laissé tomber pour se convertir à l’existence d’une femme juive très pieuse… Et le tout après avoir assisté à une leçon religieuse portant sur l’interprétation de la Tora par le rabbin hassidique de la fin du XVIIIe siècle, rabbi Nahman de Bratslaw.
Quand je dis une vie dissolue, ce n’est pas moi qui invente ce mot, c’est l’héroïne elle-même qui conte dans un ouvrage très lu en Israël, comment elle a participé à toutes sortes de beuveries, de coucheries, de drogues etc… Elle était, nous dit-on, la reine de la nuit à Tel Aviv.
Elle a fini par épouser celui l’avait entraîné dans ces cercles néo-hassidiques d’Israël et lui a donné six enfants. Pas un de moins, malgré les hauts cris de sa gentille maman qui l’implorait d’arrêter les poules pondeuses… De son père, elle exigea qu'il se couvrît la tête d'un kippa afin que les petits enfants ne puissent pas penser qu'ils ont un grand père non religieux!
Qui était le rabbin Nahman de Bratslav ? C’était un maître hassidique qui reprit l’enseignement du fondateur de la secte hassidique, le Baal Shem Tob, mort, pense-t-on vers 1765 et devenu célèbre pour sa tentative réussie de réjuvénation du judaïsme rabbinique qui étouffait, depuis dix-huit siècles, l’âme juive dans un réseau touffu d’interdits et de préceptes contraignants.
Rabbi Nahman a dégagé un coin de ciel bleu dans l’horizon d’un judaïsme grisonnant et triste. Souvenons d’un dictum du hassidisme : il est interdit d’être vieux ! Tout un programme… Martin Buber qui avait été lui-même élevé dans un milieu hassidique de Galicie, Salomon Buber, lui consacra un très beau recueil de contes et de récits qu’il traduisit en allemand, ouvrant à son héros les portes de la culture européenne, Geschichten des Rabbi Nachman ( Heidelberg, eds. Lambert-Schneider).
Alors, qu’est ce qui a pu séduire le cœur de la jeune star au point de la faire chavirer et de la conduire à présenter sa démission à la radio et à la télévision. Elle n’a pas la connaissance du hassidisme que nous spécilaistes de philosophie, pouvons avoir. Par exemple, elle n’a sûrement pas lu la belle thèse de Walter Scott Green sur Tormentd master ; Nahman of Bratslaw. Mais même sans le connaître l’enseignement du grand maître lui a parlé, c’était ce qui lui manquait pour accomplir sa vie. Elle n’a pas hésité à dire que ce qu’elle faisait précédemment n’était qu’un remplissage de son existence. Non point un contenu édifiant et rassérénant.
Comment résumer l’enseignement du rabbi ? Il optait pour une intériorisation de la foi, son individualisation et son approfondissement. IL avait compris que le judaïsme rabbinique s’ankylosait dans un accomplissement répétitif de la Loi. Il redoutait par dessus tout un ritualisme rampant qui aurait pu pétrifier le judaïsme, le scléroser. Bien qu’il fût lui-même un maître tourmenté, préoccupé d’une impossible sainteté pour un homme, il engageait les hommes à réintroduire la joie dans le culte… Une joie devenue austère depuis fort longtemps.
Au fond, l’esprit dominera toujours la matière et nous sauvera tous…