EXISTE-T-IL UN SACRO-SAINT DEVOIR D’INFORMER ?
Toute la planète info bruit des retombées d’une émission diffusée hier soir ; les infiltrés… Les journalistes ont-ils tous les doits, ne sont-ils soumis à aucune loi, à aucune éthique, au nom d’un sacro-saint droit qui prime tous les autres : celui d’informer sur tout, absolument, envers et contre tout…
En clair qu’est-ce cela signifie ? Que rien, aucun secteur n’est à l’abri. On doit tout dire, sur tout et sur tous.
Eh bien, je ne suis pas d’accord. Aucune vie ne peut être respectée, aucune société ne peut subsister si on applique une loi qui ne respecte aucune loi. Mais pourquoi donc, au nom de quoi la nécessité d’informer passerait-elle au dessus de tout le reste ?
Au nom de quoi devrais-je connaître les menus détails de la vie privée d’un homme ou d’une femme au motif qu’il ou qu’elle est un élu, un responsable ou un écrivain ou un journaliste en vue ?
Si un personnage important est mis en examen, s’il y a des incidents de vie privée dans son existence (pour reprendre l’expression si choisie en ce qui concerne M. Strauss-Kahn), si quelqu’un achète ou vend quelque chose qui n’a rien à voir avec ses responsabilités, est-ce que le citoyen lambda que je suis a vraiment le droit de le savoir et les journalistes le devoir de l’en informer ? Franchement, je ne le crois pas.
Je suis même parfois franchement choqué lorsque je vois ou lis des hommes politique (parfois même des gens que je connais ou qui sont des amis) relater dans la presse ou dans des livres les aventures de leur père ou de leur mère…
Je pense que l’éthique de vérité ne se recoupe pas toujours dans notre monde avec l’éthique de l’information. L’information ne prime pas tout le reste. Encore un exemple : abreuver le monde entier de notices alarmantes sur la situation économique nuit gravement au moral des gens et nourrit la delectatio morosis. Or, l’information faut partie d’un ensemble. Ce n’est ni de la censure, ni de l’auo-censure : les hommes et les femmes (les journalistes) qui ont la faculté de s’adresser à des milliers , voire à des millions de gens, ont une responsabilité particulière.
Je vais vous donner un exemple qui vient de mes études d’érudition : lorsque les hommes qui ont rédigé la Bible, qui représente au moins la moitié de l’effort intellectuel de l’humanité, ont mis les oracles par écrit, ils ont nécessairement présenté les choses d’une certaine façons.
Dire les choses, les mettre par écrit, c’est déjà les interpréter. On n’y pense pas assez. Notre époque n’est pas mieux que les précédentes : elle ne saurait s’affranchir de certaines lois. L’homme devient un Dieu lorsqu’il sait se donner une loi. Kant nous l’a appris. Avons nous retenu la leçon ?