LES CRUCIFIX À L’ECOLE
Resté à Genève plus longtemps que d’habitude, je n’ai pu réagir en temps et en heure à ce procès en Espagne opposant un particulier à une institution, l’école, en l’occurrence : il s’agissait d’enlever de ce lieu public les crucifix, conformément à la loi.
Le problème, c’est qu’il s’agit de l’Espagne, pays de la reconquista médiévale, pays du natonal-catholicisme (dit sans nuance péjorative) et où la religion du Christ Roi fait indissolublement partie de l’identité nationale depuis au moins 1492, date de l’expulsion des juifs de ce pays. La justice fait son travail et fait respecter la loi, mais le prélat, à la tête du diocèse de Séville s’insurge et crie à la dés identification, à la dépersonnalisation du pays, voire à un début de déchristianisation. Et à Rome, en haut lieu, on semble lui donner raison.
C’est un dilemme, un douloureux débat. D’un côté, il y a la séparation de deux ordres, de l’autre il y a le poids du passé qui n’a pas toujours respecté cette séparation… Il est normal que des citoyens sans attache confessionnelle majoritaire souhaitent éloigner des établissements d’enseignement des objets symbolisant un culte qui n’est pas le leur… Mais pour l’immense majorité de la population, la présence de crucifix à l’école et dans les hôpitaux va de soi. La même chose s’était produite, si je ne m’abuse, en Italie, pays encore plus enracinée dans la tradition catholique.
Il me semble qu’ici, il faut réagir avec intelligence et comprendre que dans ces pays, le christianisme n’est pas seulement une religion, c’est une matrice culturelle qui a fécondé et déterminé l’histoire de tous les habitants. Les nouveaux venus ou ceux qui se sont légitimement éloignés de la tradition ancienne, au terme d’une évolution personnelle, devraient aussi comprendre que l’on ne se défait pas aussi facilement de traditions ancestrales.
Si l’affaire aboutit devant une cour de justice, je suis curieux de voir comment les magistrats vont trancher… Mais en ce qui me concerne, j’étais déjà pour la proposition allemande lors du congrès européen de Nice qui demandait que soient mentionnées les racines judéo-chrétiennes de l’Europe.