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L’ISLAM AUJOURD’HUI : IDENTITÉ MUSULMANE ET CULTURE EUROPÉENNE

 

 

L’ISLAM AUJOURD’HUI : IDENTITÉ MUSULMANE ET CULTURE EUROPÉENNE
    Le début du pèlerinage à la Mecque nous pousse à ces quelques réflexions sur la situation de l’islam d’Europe  (et non de l’islam en Europe). On sait que les points cardinaux de la religion musulmane sont, entre autres, le pèlerinage (hadj), l’aumône ( zakat), la prière (salat) et le jeûne (sawm) … C’est à la Mecque que les musulmans pieux se rendent au moins une fois dans leur existence afin d’effectuer la procession autour de la Ka’aba (la fameuse pierre noire) qui représente le lieu le plus sacré.
    On peut faire un bref survol des contacts entre les deux cultures, arabo-musulmane et judéo-chrétienne. Il y eut parfois  des échanges pacifiques et fructueux, mais aussi des heurts, voire des oppositions et des confrontations sanglantes, pas seulement en Terre sainte pour le contrôle des lieux saints mais aussi aux confins de l’Europe avec l’empire ottoman ont menacé la ville de Vienne.
    Des croisades à la colonisation, l’Occident et l’islam ont eu un lourd contentieux. Depuis la décolonisation, les problèmes n’ont pas tous été réglés mais le départ des anciennes puissances coloniales a généré un contentieux qui n’est ni territorial, ni financier, mais qui revêt une nature plus subtile : il s’agit de l’héritage post-colonial, la culture diffuse restée sur place, et l’influence linguistique. Qu’on le revendique ou qu’on le rejette, c’est un héritage autour duquel s’affrontent en silence tenants de l’indépendance et adversaires de la coopération post-coloniale. C’est le point nodal de l’avenir ds relations entre ces deux grands pôles de civilisation.
    Un autre élément, plus voyant et encore plus fondamentale est constitué par l’immigration des citoyens des nouveaux états qui considèrent que tout en chassant la France , la Grande Bretagne, la Belgique, le Portugal etc de chez eux, ils n’en conservent pas moins le droit de s’établir dans les anciennes métropoles, d’y bénéficier des minima sociaux et d’y éduquer leurs enfants. les etats concernés y trouvent aussi leur compte puisque cette immigration leur permet, entre autres, de former les élites de ces pays émergents et de conserver, par biais, une forme d’influence favorable à l’écoulement de leurs produits dans ces nouveaux marches.
    Mais cette cohabitation pose, elle aussi, des problèmes, notamment celui de la compatibilité ou l’incompatibilité de l’identité musulmane en gestation (en anglais : in the making) et la culture européenne. Et j’ai maintes fois eu l’occasion d’évoquer deux points de frictions particulièrement graves : l’exclusivisme religieux et le statut de la femme…
    La culture européenne ne peut admettre la négation de ces deux valeurs qui, dans certains pays islamiques, sont parfaitement bafoués. Comment obvier à cela ?
    la réponse est toute trouvée mais pas facile à appliquer. Il faut former ici, chez nous, des élites spirituelles et religieuses musulmanes, c’est-à-dire les imams, lesquels doivent être à l’aise tant dans les textes religieux de leur confession que dans els valeurs des pays européens dans lesquels ils vivent.
    En France où réside une importante communauté arabo-musulmane ou maghrébine ; la formation des imams s’est faite, depuis peu, sous la houlette de l’Institut catholique, ce qui garantissait aux futurs cadres religieux islamiques, une solide culture générale et l’acquisition des instruments de la connaissance mais aussi de la critique des traditions religieuses.
    Ce travail d’approfondissement doit être poursuivi. Il faut remettre en avant l’Islam médiéval, celui des Lumières de Cordoue, du temps d’Averroès,, de Maimonide et de Thomas d’Aquin, sans oublier Albert le Grand. Ainsi, le musulman moyen finira par comprendre que les valeurs de sa religion propre ne sont pas en contradiction avec celles des autres ni avec celles de son environnement social.
    En somme, qu’après un certain travail et quelques efforts louables, l’identité musulmane peut être compatible avec la culture européenne. Ernest Renan écrivait au XIXe siècle dans ses Etudes religieuses que le Sinaï n’est pas bien loin de Jérusalem. Ni Jérusalem de la Mecque.
   
 

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