LA LETTRE DU PAPE BENOÎT XVI AUX ÉVÊQUES
La réaction du pape Benoît XVI est à la mesure de la crise : à crise exceptionnelle, moyens et remèdes exceptionnels. Et de vrai, le pape vient d’adresser une missive aux évêques où il explique les raisons de la crise, les manquements dont la machinerie vaticane a été victime et le fond de sa pensée. Mais jamais il ne se cache ni ne cherche de bouc émissaire. Il assume et assez benoîtement (sans jeu de mot irrespectueux) il reconnaît que s’il avait utilisé l’internet, il aurait été au courant des idées négationnistes de Mgr Williamson.
LA LETTRE DU PAPE BENOÎT XVI AUX ÉVÊQUES
La réaction du pape Benoît XVI est à la mesure de la crise : à crise exceptionnelle, moyens et remèdes exceptionnels. Et de vrai, le pape vient d’adresser une missive aux évêques où il explique les raisons de la crise, les manquements dont la machinerie vaticane a été victime et le fond de sa pensée. Mais jamais il ne se cache ni ne cherche de bouc émissaire. Il assume et assez benoîtement (sans jeu de mot irrespectueux) il reconnaît que s’il avait utilisé l’internet, il aurait été au courant des idées négationnistes de Mgr Williamson.
Cette lettre n’est pas une lettre d’excuse ni de justification, il y va de la crédibilité du pape, un thème que les catholiques du monde entier nomment depuis des siècles l’infaillibilité pontificale, une idée que j’avais déjà explicitée il y a quelques semaines ici même.
Sans s’appesantir outre mesure sur cette question ni revenir sur les graves manquements d’une diplomatie aussi expérimentée que la secrétairerie d’Etat du Vatican, il faut reconnaître que l’enjeu actuel, au sein même de l’Eglise catholique romaine, est le concile Vatican II : faut-il aller jusqu’au bout des thèses modernistes jadis adoptées, le dialogue interreligieux, l’ouverture sur le monde et la société, ou, au contraire, se réfugier sur son Aventin, prétendre que le monde passe et file comme une ombre alors que «notre sainte Mère l’Eglise» a l’éternité devant elle ?
En fait, ce sont les acquis du concile qui sont en cause, non seulement aux yeux d’une frange conservatrice et rétrograde de l’église catholique mais de plus en plus au sein de la classe sacerdotale, celle)là même qui est chargée d’encadrer les croyants et leur prêcher la bonne parole.
Ce qui me frappe, c’est qu’un homme aussi érudit, aussi averti, aussi expérimenté que le pape actuel ait pu se laisser circonvenir par une frange marginale (mais très active) d’évêques, d’archevêques et de cardinaux. A qui ferait-on croire que personne au Vatican ne savait au sujet de Mgr Williamson ? J’avais déjà parlé de ce sujet mais le pape n’apporte pas de réponse.
En revanche, un signe de dégel qui ne trompe est l’arrivée de la délégation du Grand Rabbinat d’Israël au Vatican. Ceci montre que le voyage du pape en Terre sainte n’est pas une roue de secours mais bien un plan d’importance qui s’insère bien dans la diplomatie à long terme du Vatican.
Pour finir, il serait illusoire de penser que cette crise se résorbera avec le temps. Non, elle exigera, tôt ou tard, des changements profonds.