LIZZIE DORON JOURS TRANQUILLES. VIVRE APR ES LA MORT. TRADUIT DE L’HEBREU PAR DOMINIQUE ROTERMUND. PARIS, HELOÏSE D’ORMESSON, 2009.
Les lecteurs réguliers du blog se souviendront peut-être du précédent recueil de nouvelles de cet auteur israélienne ; c’est une femme dont le vécu et le penser sont largement imprégnés par les souvenirs de la Shoah.
LIZZIE DORON JOURS TRANQUILLES. VIVRE APR ES LA MORT. TRADUIT DE L’HEBREU PAR DOMINIQUE ROTERMUND. PARIS, HELOÏSE D’ORMESSON, 2009.
Les lecteurs réguliers du blog se souviendront peut-être du précédent recueil de nouvelles de cet auteur israélienne ; c’est une femme dont le vécu et le penser sont largement imprégnés par les souvenirs de la Shoah.
Dans ce nouvel ouvrage, on découvre à peu près la même atmosphère où l’auteur nous introduit en deux ou deux phrases. Dès les premières lignes de ce livre, le décor est planté : le premier mort comme par fatalité : le concubin de l’auteur (la narratrice) meurt en tenant de lacer sa chaussure. Cris et hurlements, un voisin accourt, essaie de ranimer le trépassé, le fils Eytan est poussé hors de la pièce par le même voisin qui a prévenu le médecin, lequel n’a d’autre ressource que de constater le décès. Et toute cette action en une ou deux pages…
En fait, c’est l’expérience inimaginable, infigurable, insubstituable du peuple juif que cet auteur tente de verbaliser, d’exprimer son livre : comment peut-on en tant rescapé de la Shoah ? vivre l’instant, être réellement présent au monde lorsque tout, absolument tout vous arrache au temps qui passe pour vous enterrer dans un passé monstrueux ?
Ces femmes seules, ces hommes qui semblent mener une vie de monsieur ou madame tout le monde sont en réalité des cas à part.
Une image m’a frappé, celle qui met en scène un cheval que son propriétaire juif prêtait sans peine à tous ses coreligionnaires qui en avaient besoin. Lorsque els Nazis entrèrent dans le bourg, ce cheval qu’on nommait tsaddiq (juste, vertueux, car il aidait tout le monde, fut mis en tête de la file d’hommes, de femmes et d’enfants que les Nazis s’apprêtaient à fusiller. La première salve des bourreaux lui fut destinée. Mais avant, le père qui dissimula sous son manteau son jeune enfant, lui dit qu’ils retrouveraient aux portes du paradis, leur fidèle cheval juif.
Juif puisque fusillé comme tel par les Nazis. Comment voulez vous mener après cela une vie presque normale ?