Où va le Pakistan ?
Ce qui se passe depuis quelques semaines au Pakistan ne laisse pas d’être très inquiétant. Les attentats se succèdent et deviennent de plus en plus en sanglants. L’audace des talibans et des partisans d’al-Quaida est sans parallèle : ils s’attaquent à présent au quartier général de l’armée à Rawalpindi, pénètrent dans le périmètre pourtant sensible de cette caserne, y prennent des otages et soutiennent un siège de plusieurs heures… Ajoutons qu’ils étaient revêtus d’uniformes de l’armée régulière.
Le Pakistan semble être le maillon faible de la lutte anti-terroriste mondiale. On se souvient qu’il avait fallu les pires menaces de sanctions militaires des USA pour que ce pays, traditionnellement ami des talibans afghans, change de camp et soutienne (du bout des lèvres) le monde occidental. L’ISI, les services secrets de l’armée pakistanaise, traumatisés par la menace indienne et fortement désireux d’avoir dans le pays voisin la profondeur stratégique qui leur fait cruellement défaut, a continué de soutenir et d’informer les talibans en sous main. Les USA ont dû redoubler d’efforts pour convaincre les autorités pakistanaises que le bon choix devait être massivement du côté des Occidentaux. Ce qui explique les offensives répétées de l’armée d’Islamabad contre les régions tribales où se cachent et s’organisent les talibans. Jusqu’ici, nous avons retracé le cadre et l’historique.
La question qui se pose aujourd’hui est autrement plus angoissante : le Pakistan va-t-il tenir le coup ? Son armée est-elle suffisamment sûre et bien équipée pour répondre au défi auquel elle doit faire face ? L’arme nucléaire dont le pays s’est doté pour faire face à l’Inde, est-elle suffisamment sécurisée afin de ne jamais tomber entre des mains peu sûres ? Autant de questions auxquelles on ne peut, pour l’instant, des réponses définitives.
Ce qu’on relève avec une grande inquiétude, ce sont les tirs de drones armés que les Américains effectuent eux même au Pakistan pour neutraliser des terroristes, ce qui laisserait supposer que les Pakistanais ne veulent pas ou ne peuvent pas agir.
Au moment où nous écrivons, on signale le lancement d’une nouvelle offensive contre des zones tribales où même l’avion est entrée en action. Que faut-il faire ? Intervenir au Pakistan même ? C’est peu probable car aucun pays indépendant n’abdiquerait ainsi sa souveraineté.
Il y a une vingtaine d’années les USA n’auraient pas dû jouer aux apprentis sorciers en armant les talibans contre l’URSS.