LA France ET LES VENTES D’ARMES
Le verdict condamnant l’ancien ministre de l’Intérieur, M. Charles Pasqua, à une peine d’emprisonnement ferme ne laisse pas de susciter des remous. Il s’agit, comme chacun sait, de l’affaire dite de l’Angola-gate où un certain trafic d’armes eut lieu entre la France et un pays auquel il était interdit d’en vendre. Se sentant injustement traité, M. Pasqua a décidé de donner les noms de tous ceux qui, selon lui, étaient parfaitement au courant de la transaction et n’ont rien fait pour s’y opposer. Conclusion : l’ancien ministre juge injuste de se retrouver seul sur le banc des accusés.
Cette affaire est sérieuse ; je laisse volontairement de côté ses ramifications internes, c’est-à-dire qui était au courant, qui a laissé faire, ce que l’on a fait des rétro-commissions (s’il est toutefois prouvé qu’il y en eut, etc…). Ce qui retient le plus l’attention, ce sont les ventes d’armes.
Je ne fais pas partie de ces naïfs ou de ces idéalistes qui souhaiteraient dans leur insondable béatitude les interdire formellement. Ce n’est pas possible car si vous refusez d’en vendre, voire d’en fabriquer, d’autres se substitueront à vous et vendront n’importe quoi à n’importe qui.
C’est qu’il faut absolument interdire, c’est la livraison d’armes à des régimes totalitaires, anti-démocratiques et qui oppriment leurs propres concitoyens en se servant d’armes acquis à l’étranger grâce au pillage des richesses de leur sous sol. Mais pour être efficaces, ces interdictions doivent être respectées par tous. Or, cela est rigoureusement impossible : de grands pays siégeant même au Conseil de sécurité de l’ONU s’amusent parfois à laisser parvenir des armes redoutables dans des pays mis au ban de la communauté internationale. Est-il encore besoin de les nommer ou de nommer les bénéficiaires de leur coupable mansuétude ? Non point.
Même en Europe, certains pays, apparemment neutres, sont les meilleurs concessionnaires de tel ou tel canon d’artillerie, de telle ou telle marque de revolver, de tel ou tel produit chimique qui se retrouve dans l’arsenal répressif des polices d’autres régimes, peu recommandables.
Quand on parle de moralisation (mais est-ce possible ?) des ventes d’armes, on nous rétorque (parfois de la bouche des syndicalistes eux-mêmes !) que la fermeture de nos arsenaux menacerait l’emploi et donc le pouvoir d’achat de milliers de familles. Alors, une reconversion ? Certes, oui, mais tant que la nature humaine restera ce qu’elle est, tant que nous aurons besoin de nous défendre contre es agressions d’où qu’elles viennent, la fabrication et la vente d’armes auront de beaux jours devant elles… Dèjà les Romains, orfèvres en la matière puisque la Rome antique avait conquis tout l’univers habité de l’époque, disaient ceci = si vis pacem para bellum…