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BRAHAM SELON CRAINTE ET TREMBLEMENT

ABRAHAM SELON CRAINTE ET TREMBLEMENT

SÖREN KIERKEGAARD

(1813-1855)

Conférence à la Mairie du XVIe arrondissement

le jeudi 3 décembre 2009 à 20h 15

Crainte et tremblement a paru en 1842, 13 ans avant la mort de l’auteur qui perdit connaissance dans une rue de la capitale danoise et qui ne se réveilla plus du tout.

Points principaux :

 

ABRAHAM SELON CRAINTE ET TREMBLEMENT

SÖREN KIERKEGAARD

(1813-1855)

Conférence à la Mairie du XVIe arrondissement

le jeudi 3 décembre 2009 à 20h 15

Crainte et tremblement a paru en 1842, 13 ans avant la mort de l’auteur qui perdit connaissance dans une rue de la capitale danoise et qui ne se réveilla plus du tout.

Points principaux :

Opposition entre les principes de la moralité universelle et le commandement spécifique adressé à un individu spécifique qui n’obéit qu’à son intime conviction. Sans doute ni hésitation. Danger du fanatisme.

Il y aurait un divorce entre D- source de l’éthique universelle et ce même D, prescripteur d’un commandement violant tous les précédents. Dangereux : car Abraham aurait pu se tromper, aurait pu être abusé par un malin génie ; il aurait pu aussi attendre une confirmation, tergiverser, ratiociner, négocier avec D, comme il le fit pour les villes pécheresses de Sodome et de Gomorrhe…

Opposition donc irréductible entre l’éthique universelle à laquelle le tout venant est assujetti et le commandement divine imparti à une humanité d’exception

Primat absolu de la foi qui va bien au-delà de la raison : ET L’ÉTAT DE CELUI QUI DOIT FAIRE FACE À UN TEL COMMANDEMENT QUI NIE TOUT CE QUI EXISTAIT PRÉCÉDEMMENT EST

CARACTÉRISÉ PAR LA CRAINTE ET LE TREMBLEMENT.

a foi est plus forte que l’éthique. Mais dans ce cas, elle peut être la source du fanatisme et de la persécution religieuse.

Solitude absolue d’un personnage d’exception comme Abraham. Son mutisme absolu sur la question du sacrifice.

Mais il faut être attentif aux nombreuses inconséquences induites par ce chapitre 22 de la Genèse qui commande d’immoler Isaac : Incohérence avec la triple promesse de D. : être sa divinité tutélaire, avoir une descendance nombreuse et hériter du pays de Canaan.

Sören K. récuse toute interprétation philosophique ou allégorique de ce chapitre. Il nie, ce faisant, le postulat de toute Religionsphilosophie.

Plusieurs cas de figure sont envisagés par S.K. pour reformuler l’histoire de chapitre 22 du livre de la Genèse.

a)A. brutalise son fils, le jette à terre, lui dit qu’il n’est pas son père, qu’il est un idolâtre etc… et lui dévoile ses intentions véritables. Et ce, afin qu’Isaac ne perde sa foi en D. et ne le considère point comme la source de ce funeste commandement.

b)Seconde possibilité : A. dégaine son couteau, mais c’est pour sacrifier la bélier. Toutefois, A ne peut soutenir le regard de son fils qu’il a voulu tuer. Le fils, non plus, ne fixe pas le père qui voulait le mettre à mort.

c) troisième solution : A revient seul sur les lieux où il aurait pu commettre l’irréparable, et implore le pardon divin.

d)Quatrième possibilité : on imagine un A. qui flanche, peine à dégainer son couteau et implore que la grâce divine lui vienne en aide.

S-K. Développe aussi que l’amour que la créature témoigne à D peut aller jusqu’au sacrifice de ce que l’on a de plus cher.

Contrairement à Job, Jérémie ou au Psalmiste, A. ne se plaint jamais

Et pourtant, on peut dire qu’il a attendu un siècle pour avoir cet enfant et voilà que celui qui le lui a donné et promis veut le lui reprendre.

La grandeur exceptionnelle du patriarche : le doute na jamais effleuré son esprit. SINON, IL N’EÛT TÉMOIGNÉ NI DE SA FOI NI DE LA GRÂCE DIVINE.

Leçons à tirer du geste d’Abraham

Ne pas négliger la composante personnelle : Das Erlebnis und die Literatur : en 1840 Sören K se fiance avec la belle Régine OLSEN mais rompra l’année suivante en arguant qu’il n’a pas le temps de se marier. Or, en 1843, il publie Crainte et tremblement…

LA FOI D’ABRAHAM, UN PARADOXE ABSOLU.


S K cite un verset crucial du chapitre 15 du livre de la Genèse : 15 ;6/ Abram crut en D et celui ci le lui imputa en justice.

Opposition entre deux types d’hommes : le chevalier de la foi (Abraham) et le chevalier de la résignation (l’homme ordinaire, le petit bourgeois).

K a cette phrase tranchée : LA FOI COMMENCE LÀ Où S’ARRÊTE LA PENSÉE

Pour une humanité d’exception comme Abraham la foi et la morale commune peuvent ne pas coïncider. La seule règle qui compte et le commandement individuel. Il existe donc ce que l’auteur nomme :

UNE SUSPENSION TÉLÉOLOGIQUE DE L’ÉTHIQUE

L’admission du miracle par S K.

Le sauvetage d’Isaac qui échappe au glaive constitue un miracle, mais sa naissance même (père de 100 ans et mère de 90) en constituait déjà un… Nous avons donc affaire à un miracle dans le miracle, ce qui trahit l’origine sacerdotale de ce chapitre.

L’AMOUR ET LE SACRIFICE SUPRÊME

La divine Providence a empêche que soit effectué le sacrifice du jeune homme : on est donc resté à la ligature, d’où le nom chez les juifs de l’Akédat Itshaq (ligature d’Isaac)

QUEL EST LE PRINCIPE SUPRÊME DE LA VIE D’ABRAHAM ?

LA FOI. Il crut… et D- le lui imputa en justice. Saint Paul ne s’est pas trompé qui reprend ce passage dans l’Epître aux Romains (4 ; 3)

COMMENT EST-CE POSSIBLE ?

L’amour éprouvé pour D transcende tous les autres

S. K n’oublie pas son ennemi juré, la philosophie hégélienne :

Rejet énergique de toute médiation (au sens de Hegel) qui ferait apparaître la foi comme une simple étape à franchir, un passage obligé mais qu’ l’on doit dépasser. La FOI est ce qui compte le plus.

MUTISME COMPLET D’ABRAHAM :

Ne s’ouvre de son projet à personne : ni à Sarah, ni à Eliézer, ni à Isaac, ni même à D, ni à lui-même.

Aucun débat intérieur.

Conclusion : se battre contre les autres peut être une consolation, se battre contre soi même n’est rien d’autre qu’une cruauté.

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