Plus d’enseignement d’histoire en terminale scientifique ?
N’étant pas historien mais simplement philosophe, j’avoue, cependant, ne pas très bien comprendre les raisons poussant le ministère de l’éducation nationale à prendre une telle mesure.
L’enseignement de l’histoire n’est, certes, pas très dispensé dans nos lycées et collèges ; mais même sous cette forme imparfaite, il paraît indispensable. Et ce, pour plusieurs raisons.
Il y a tout d’abord le rythme de notre civilisation et l’exigence de réagir sur l’instant. Or, l’histoire permet de prendre du recul et de comparer les époques les unes aux autres. Cette discipline permet aussi de prévoir ce qui risque d’advenir en constatant que les mêmes causes produisent généralement les mêmes effets. Prenons le cas de la première et de la seconde guerre mondiale : une rapide comparaison permet de voir que les situations étaient assez voisines et qu’en tout état de cause, les séquelles du premier conflit ont largement contribuer à l’émergence du second. La même remarque vaut des grandes doctrines économiques et des grands courants intellectuels et spirituels.
Cette velocitas fait la part belle aux journalistes (bei allem Respekt) au point qu’on en vient parfois à confondre l’actualité avec l’histoire. Or, ce n’est pas du tout a même chose. Un exemple : l’histoire de la votation concernant les minarets en Suisse. A première vue, c’est un référendum comme les Suisses les aiment. Mais, sur le long terme, ce fut peut-être une date historique dans le domaine des relations entre l’Europe et la religion islamique. Mais cela, seule l’analyse historique, qui prend du temps pourra le dire. Pas avant.
Il y a aussi un autre motif d’inquiétude : la suppression de cet enseignement, même s’il venait, en guise de compensation, à être renforcé en classe de première, réduirait encore plus la place de la lecture, à une époque où tout le monde se voue corps et âme à l’internet, aux vidéos et aux écrans. Rien ne vaut le geste de tenir un bon livre entre ses mains… Or, la notion même de culture classique est entièrement érodée : demandez aux adolescents ou jeunes adultes de dire un mot des noms des grands boulevards ou des rues de Paris. Qui est de Gaulle, Renan, Bizet, Giraudoux, etc…
La plupart des adultes ne lisent jamais un livre durant toute une année ; ils jettent leur dévolu sur des journaux populaires mal écrits et contenant des informations qui ne stimulent guère la pensée. Or, l’histoire est une discipline globalisante et unificatrice pour la bonne raison qu’elle porte sur tout : sciences, arts, techniques, pensée, etc…
Je ne sais vraiment pas si cela vaut la peine car l’argument selon lequel la terminale est le premier palier de la spécialisation ne me paraît pas probant.