L’IRAN, LA FIN DU MONOLITHISME GRANITIQUE (II)

Qu’est-ce que nous entendons pour cette expression géologique monolithisme granitique ? Tout fin simplement l’implosion qui menace chaque jour un peu plus le rédime iranien actuel. Que des étudiants manifestent, qu’ils aient l’ambition de changer la société dans laquelle ils vivent, c’est une chose absolument normale. Il suffit de voir nos photos d’identité lorsque nous avions vingt ans et celles d’aujourd’hui… Et d’ailleurs, souvenons nous de cette belle citation d’Ernest Renan qui s’énonce comme suit, je n’aurais que pour mépris pour une jeunesse qui n’entrerait pas dans la vie, l’injure aux lèvres…

Ce qui frappe, outre les dissensions internes, les luttes intestines au sein du pouvoir, c’est la violence des slogans des manifestants. Aucune possibilité d’y déceler la moindre manipulation étrangère : comme il y a trente ans, la jeunesse iranienne, qui prendra fatalement en main l’avenir du pays, en raison même du jeu des générations, veut un changement de régime… Rien n’a pu arrêter ni même ralentir cette déferlante. On connaît la suite : la fuite désespérée et pathétique du Chah, passé du jour au lendemain de grand monarque à une persona non grata partout où il voulait aller, l’exécution publique de ses généraux, la fuite de la bourgeoisie du Bazar de Téhéran et la «mollahisation» intégrale de l’Iran.

Aujourd’hui, le régime s’entête car il est dans l’impasse. Mis au ban des nations à l’extérieur, en raison de ses contraventions aux lois internationales, violemment contesté à l’intérieur même, il se raidit et développe la répression alors que des voix, émanant de son propre sein, prêchent la modération. Opaque par nature avec ses multiples centres de pouvoir, le régime se tait tout en réprimant durement tous ceux qui le contestent.

Pour survivre, de tels régimes n’ont qu’une solution : provoquer des confrontations avec leurs voisins (proches ou éloignés) afin de pincer la corde bien tendu du patriotisme et rétablir ainsi l’union nationale sacrée. Un peu du genre : la patrie est menacée, ceux qui ne sont pas avec nous sont avec les ennemis qui attaquent notre pays…

Espérons qu’on n’en arrivera pas là et que les Iraniens, grand peuple qui fit jadis l’Histoire, retrouvera la raison et sa place dans le concert des nations.