L’IDENTITÉ NATIONALE ET LA MÉDITERRANÉE
On m’invite la semaine prochaine au Sénat, Palais du Luxembourg à Paris, pour participer à un colloque portant sur les rapports entre l’identité nationale française et la Méditerranée. Il s’agit évidemment de voir comment les deux rives de cette mer peuvent cohabiter harmonieusement. C’est une association France-Egypte qui en a pris l’initiative.
De prime abord, j’avais pensé traiter de l‘expulsion des juifs d’Espagne en 1492 et, un peu plus tard, du Portugal voisin, en gros d’évoquer de manière sérieuse la grande aventure séfarade autour de la Méditerranée ; l’histoire de toutes ces communautés forcées de se chercher un nouveau point de chute et de s’adapter à une identité nouvelle. Mais mon tout dernier livre sur Abraham (Ellipses, 2009) m’a donné une autre idée, acceptée avec enthousiasme par les organisateurs.
Abraham est la personnalité charismatique, la divinité tutélaire, en quelque sorte, des populations de la Méditerranée orientale qui furent les premières à rallier les croyances du monothéisme dont il est le fondateur.
On n’est assurément pas forcé de prendre à la lettre le récit biblique que le livre de la Genèse nous offre des chapitres 12 à 25, ce dernier texte évoqua,t les funérailles du patriarche.
L’IDENTITÉ NATIONALE ET LA MÉDITERRANÉE
On m’invite la semaine prochaine au Sénat, Palais du Luxembourg à Paris, pour participer à un colloque portant sur les rapports entre l’identité nationale française et la Méditerranée. Il s’agit évidemment de voir comment les deux rives de cette mer peuvent cohabiter harmonieusement. C’est une association France-Egypte qui en a pris l’initiative.
De prime abord, j’avais pensé traiter de l‘expulsion des juifs d’Espagne en 1492 et, un peu plus tard, du Portugal voisin, en gros d’évoquer de manière sérieuse la grande aventure séfarade autour de la Méditerranée ; l’histoire de toutes ces communautés forcées de se chercher un nouveau point de chute et de s’adapter à une identité nouvelle. Mais mon tout dernier livre sur Abraham (Ellipses, 2009) m’a donné une autre idée, acceptée avec enthousiasme par les organisateurs.
Abraham est la personnalité charismatique, la divinité tutélaire, en quelque sorte, des populations de la Méditerranée orientale qui furent les premières à rallier les croyances du monothéisme dont il est le fondateur.
On n’est assurément pas forcé de prendre à la lettre le récit biblique que le livre de la Genèse nous offre des chapitres 12 à 25, ce dernier texte évoqua,t les funérailles du patriarche.
Deux point principaux sont à détacher dans le contexte qui nous occupe :
a)cet homme a tout quitté pour un saut dans l’inconnu. Il est parti s’établir ailleurs. C’est un individu qui a choisi volontairement de devenir un étranger, quittant sa famille et sa patrie. Et pourtant, les populations qui en sont issues le considèrent comme un autochtone. Vous savez le sens de ce mot, il signifie les gens du cru, du pays, ceux qui sont nés sur place. En allemand, on dit die Einheimischen. Ce qui est une traduction encore plus claire du terme grec. Abraham est donc le symbole de «l’autochtonie venue d’ailleurs.» Il est le symbole de l’humanité errante, puisque tout homme, avant de s’établir, a commencé par être un étranger, un être errant. De manière significative, le livre de la Genèse nous le montre négociant l’achat d’un lieu de sépulture pour sa femme et ses enfants. Elle lui fait dire aussi des phrases marquantes, du style, je suis un étranger résident parmi vous (guer we-tochav anokhi immakhém). Traduisez : je suis d’ailleurs…
b)Cet homme Abraham a fait faire à l’humanité un pas de géant. Il incarne le passage du sacrifice humain au culte sacrificiel (l’immolation d’un animal), montrant ainsi que la divinité n’est pas l’ennemie de l’homme. Qu’elle cherche à favoriser sa survie et son bonheur sur terre. C’est tout l’enseignement du chapitre 22 du livre de la Genèse.
La grandeur d’Abraham apparaît au grand jour quand on voit que les trois grandes religions monothéistes lui accordent la première place dans les origines de leurs croyances. Tant la Bible hébraïque, les Evangiles que le Coran sont unanimes, au moins sur ce point. On peut donc dire que toutes les religions monothéistes sont de confession abrahamique. On trouve dans les Psaumes une expression absolument unique qui parle du peuple du Dieu d’Abraham (Ps. 47 ;10)
La culture d’Abraham, sa tradition, ses valeurs sont donc intrinsèquement, universellement monothéistes. Or, c’est la culture qui est fondatrice d’identité et formatrice d’opinion.
L’identité est le résultat d’un certain nombre de valeurs. Et Abraham n’est pas à l‘origine d’un système de dogmes religieux. La Bible n’a pas fait de lui le récepteur d’un corps de lois contraignantes. Elle l’a bien plus promu au rang de fondateur d’une foi universelle, partagée par une multitude de peuples. C’est de là qu’il tire sa force et sa grandeur. Même si, ai plan historique, le personnage est tissé d’une multitude de qualités.
Mais en Abraham, le symbole dépasse, et de loin le personnage historique.