Le fils d’un des fondateurs du Hamas espionnait au profit d’Israël
Mardi 2 mars, j’ai lu dans Le Figaro une correspondance de Jérusalem absolument incroyable : le fils de l’un des fondateurs du mouvement Hamas, espionnait depuis dix ans ( !) pour Israël. Il faut dire que la veille, à Genève, mes étudiants m’en avaient parlé et je me demandai alors d’où ils pouvaient bien tirer pareille nouvelle… Et voilà que j’en lisais la confirmation dans une longue rubrique d’un grand journal français…
Dans les affaires d’espionnage, il faut agir avec prudence, surtout lorsque les acteurs se mettent à publier leurs confessions où, en principe, ils ne peuvent pas tout dire, de crainte de compromettre d’autres taupes immergées dans les rouages de l’ennemi que l’on surveille.
Le fils d’un des fondateurs du Hamas espionnait au profit d’Israël
D’après les confessions de ce jeune homme, qui vit désormais en Californie sous une fausse identité et après des opérations de chirurgie esthétique, il a commencé par nourrir une haine inexpiable, tenace, à l’égard des Israéliens et à ourdir des attentats contre eux. Lors d’une rafle des soldats de Tsahal, il fut, jugé et jeté en prison. C’est alors, selon lui, que sa mutation profonde commença. D’abord, il découvrit, dit-il, la beauté de l’amour évangélique et décida de se convertir au christianisme. Ensuite, le reste de la partie fut joué par les spécialistes de l’action psychologique du Shin Beth (abréviation pour Shéruté Bittahon, services de sécurité) qui lui proposèrent de changer de vie et de travailler pour eux. Je ne sais comment ils obtinrent son accord, et sa participation active, mais le jeune homme se mit à fournir des renseignements précieux indiquant l’endroit où se trouvaient des candidats aux attentats suicides ainsi que les caches de certains chefs, responsables d’attentats…
Quelles furent les motivations du jeune homme ? L’argent, certainement… La promesse d’être un jour exfiltré et envoyé dans un lieu paradisiaque où il n’aurait plus rien à craindre et entamerait une nouvelle vie ? Très probable.
Il relate qu’il réussit à sauver la vie de son père que les Israéliens consentirent seulement à arrêter alors qu’ils envisageaient de le neutraliser. Il y a aussi quantité de détails qu’il faudrait prendre cum grano salis car on ne sait s’ils reflètent la vérité.
L’ancien transfuge a publié un livre aux Etats Unis, Son of Hamas. Ne doutons pas que cet ouvrage sera bientôt traduit en langue européenne…
La réflexion que m’inspire ce genre d’expérience est la suivante : à qui faire confiance ? Comment être sûr de la fidélité de quelqu’un ? C’est comme si on nous disait que le secrétaire particulier de Nasrallah était un agent de la CIA ou que le chef d’Etat-Major de telle ou telle armée arabe du Proche Orient espionnait pour Israël…