Comment agir avec la Turquie ?
Le dernier vote, assez serré il faut bien le dire, de la commission des affaires étrangères du parlement des Etats Unis menace de crééer de vives tensions avec la Turquie, membre de l’OTAN et allié, en principe, des Occidentaux. Il s’agit évidemment du génocide arménien que les Turcs s’entêtent à nier, arguant que ce ne sont des millions mais des milliers d’Arméniens qui furent tués et que ces morts sont le résultat d’un conflit armé et non de vagues de persécutions visant à l’extermination… C’est la thèse officielle du gouvernement turc depuis des lustres.
Or cette thèse est en butte à des contestations de plus en plus précises et toutes les puissances modernes admettent que les Arméniens ont subi de terribles massacres. Le problème, dans toute cette affaire, est que la Turquie n’adopte pas les mêmes critères que les démocraties occidentales dont hélas elle a toujours beaucoup de mal à se rapprocher. Certes, elle a fait de louables efforts mais comme elle partait de bien bas, elle a encore un long chemin à parcourir. Tout le monde est de cet avis, et les USA viennent de le prouver.
Au lieu de réagir avec sang froid et rigueur intellectuelle, le gouvernement actuel a rappelé son ambassadeur et s’ingénie à envoyer des signaux contradictoires sur d’éventuelles représailles (fermeture de la base aérienne US près de la frontière avec l’Asie, neutralisation des stations d’écoute, rapprochement calculé avec l’Iran durant un temps pour obtenir ce qu’elle veut, etc…) ; elle commet une erreur car son toute mesure de ce type serait fatale à son économie déjà bien mal en point. En outre, au plan diplomatique, le double jeu avec l’Iran pourrait leur être fatal, surtout si le Sénat américain et la chambre des Représentants s’en mêlent. La marge de manœuvre est donc étroite. L’intelligence et la sagesse commandent de voir les choses en face. Deux paradoxes sautent aux yeux des Occidentaux et s’opposent à toute adhésion à l’UE (qui constitue l’obsession des Turcs aujourd’hui) : on ne peut vouloir adhérer à l’UE alors que l’on occupe l’un des pays membres (Chypre) ; on ne peut pas se dire démocratique alors que l’on ne se confronte pas honnêtement avec sa propre Histoire.
Que l’on nous comprenne bien : la Turquie moderne, héritière de l’ancien empire ottoman, est une grande nation. Mais pour avoir autre chose qu’un simple avenir démographique, elle doit changer.
Nous espérons vraiment que la Turquie comprendra et que ses relations l’Arménie voisine iront en s’améliorant. Ces deux peuples sont faits pour s’entendre, mais pour y arriver il faut apurer le passé. Un passé qui jusqu’à présent ne passe pas…