LA MORT DE JEAN FERRAT
La nouvelle m’a fait l’effet d’une grande surpise et aussi d’une profonde tristesse. On l’avait presque oublié car il vivait, loin de tout, retiré dans un petit village d’une région de France. Et hier soir, alors que les informations étaient données à la télévision, j’entendis des chansons de ce poète-chanteur, fervent admirateur d’Aragon. Je pensais immédiatement que quelque chose était arrivée C’est qu’il avait disparu des radios et des plateaux de télévision. Et si on en reparlait, c’est que quelque chose d’irrémédiable s’était produit.
Que dire de ces chansons qui avaient toujours un fond, une pensée, un souci, celui des autres. Je repnse à celle qui m’avait jadis frappé et qui dénonce le poulet aux hormones, à ces poèmes d’Aragon mis en musique, bref à cet accompagnement de l’homme moyen ne maîtrisant plus rien dans cette société moderne.
Il y avait aussi le communisme, mais cela me plaisait moins. Et il est vrai que lui, au moins, ne s’était pas laissé abuser par le stalinisme qu’il condamna durement. Et il y eut aussi la déportation de père qui était juif.
Rétrospectivement, ce qui m’émeut le plus, c’est son retrait comme si, la maturité aidant, il prenait conscience de la vanité des choses, de ce monde des apparences où se complaisent tant les artistes d’aujourd’hui.