Réforme des retraites et dialogue social en France
Depuis hier, le président de la République s’est attaché à prendre à bras le corps l’épineux problème des retraites. C’est pourtant simple, même si sa solution ne l’est guère : telle qu’elle se présente, l’évolution de la situation est ingérable si l’on ne fait rien. C’est-à-dire : soit baisser le montant des retraites, ce qui est inacceptable, soit augmenter les cotisations, soit allonger le durée des années d’activité, ce qui est nettement refusé par les syndicats.
Avoir fixé l’âge légal de la retraite à 60 ans est une erreur capitale que nous payons chèrement, comme nous payons tout aussi lourdement l’instauration des 35 heures. Je ne conteste pas la bonne foi de ceux qui furent à l’origine de cette mesure, je dis simplement que tout le monde autour de nous travaille plus et plus longtemps, et les Français, eux, en dépit de leur situation précaire, optent pour le contraire… Est ce que cela peut durer ? Ernest Renan aurait dit que cela n’a pas le sens commun…
Il y a deux tabous dans la France contemporaine : la réforme fiscale et la réforme de l’école ou de l’enseignement en général. Ce sont deux thèmes enfouis au fin fond de l’âme française et qui cristallisent en eux les craintes, les angoisses, les non-dits, bref tout l’irrationnel et la peur de l’avenir.
Mais il est une chose dont il faut tenir compte et qui pourrait faire exception. Je suis contre les régimes spéciaux qui ont miné le système et ruiné les caisses de retraite. J’ai entendu hier, en me rendant à Genève, des ouvriers du bâtiment qui disaient ne pas pouvoir porter des sacs de ciment ou des pelletées de terre après 60 ans. Ils ont raison. Il faut donc tenir compte de la pénibilité de certains métiers.
Mais que dire de tous les autres ? Il faut bien réformer.
Regardez les hommes et les femmes d’aujourd’hui à 60 ans ! Ils sont en grande forme et désirent déployer leurs activités. Il faudrait allonger la durée de l’activité et peut-être même augmenter les cotisations. Le chef de l’Etat a pensé à un prélèvement spécifique, mais là encore, c’est la même frange de gens fortunés qui va être touchée. Vont-ils se laisser faire ? J’en doute.
Il serait temps que les Français vivent leur vie au lieu de la rêver. Car dans ce cas, le rêve pourrait se muer en cauchemar…