CONFERENCE À LA MAIRIE DU XVIE
QUEL DIALOGUE DES CULTURES AUJOURD’HUI ?
jeudi 17 juin 2010 à 20h 15
a la mairie du XVIe arrondissement
Introduction :
Relations des cultures entre elles. Qu’est-ce qu’une culture ? Selon la célèbre anthropologue anglaise Margaret Mead, la culture englobe tous les actes de la vie depuis la façon de langer les nouveaux nés jusqu’à la mise en bière des défunts… Donc tout ce qui du berceau au cercueil.
Rien n’échappe à l’effort culturel, d’une certaine façon, c’est la disposition qu’a l’homme de dépasser en lui l’animalité pour parvenir à une humanité digne de ce nom. Mais dans cet effoert, dans ces tentatives de dépassement, les hommes sont inégaux, ils n’avancent pas d’un même pas. Il convient donc de laisser plus de temps à certains pour se hisser au même niveau, tout en admettant que les cultures ne doivent pas être jugées par nos seuls critères, exclusivement. C’est un point délicat qu’il convient de ne pas laisser de côté…
Prenons un exemple apparemment anodin : la circoncision peut être considéré comme un rite ancien ou même, simplement, comme une démarche prophylactique afin d’éviter des maladies sexuellement transmissibles… En revanche, nous, Occidenntaux, rejetons catégoriquement l’excision qui est une mutilation… Or, certains vous diront qu’il n’en est rien et que c’est une tradition qui en vaut une autre…
Mis à part cet acte qui s’assimile à nos yeux à de la barbarie, comment apprécier la diversité des cultures ? Est-ce un enrichissement ou un problème insurmontable ? Car, de nos jours, si l’on insiste tant sur la nécessité d’un tel dialogue, c’est surtout en raison des antagonismes qui se sont fait jour entre des groupes humains que tout semble séparer
Qu’est ce qui oppose une culture à une autre culture ? Pour quelles raisons des hommes, élevés différemment ou dans d’autres aires culturelles, ne peuvent pas vivre ensemble, ni même co-habiter ou co-exister paisiblement ?
C’est probablement le facteur religieux, les convictions acquises dès l’enfance la plus tendre qui enracinent dans nos cœurs des idées susceptibles d’en exclure d’autres.
Le statut de la femme, minorité sociale, pose, certaines fois, problème. Dans certains groupes humains, la femme est systématiquement rejetée ou opprimée, même au plan vestimentaire quand on lui impose un habit particulier qui la désigne aux yeux des autres…
Une culture se fonde sur des valeurs acquises ou reçues par tradition. Or, ces valeurs sont fondatrices d’identité et formatrices d’opinion.
Mais derrière ce état de fait se trouve une autre problématique, certes connexe, mais qui déborde largement le cadre restreint de la culture, c’est la notion d’identité. Comment naît-elle et comment se transmet-elle ?
Qu’est ce qui fait qu’un Anglais soit anglais et un Français français et un Allemand allemand ? Sans risque de se tromper, on peut répondre l’éducation et la culture qu’elle véhicule. La façon de s’habiller, de se nourrir, de pratiquer des loisirs, de favoriser telle boisson (le vin ou la pinte de bière ou tel plat national (la viande, le poisson etc…). Jadis, on pensait que les Français étaient des adeptes exclusifs du foot balle et les Anglais de rugby et aujourd’hui, les deux peuples aiment les deux sports sus cités…
CULTURE ET RELIGION.
En des temps pas si anciens, on distinguait une sorte de consanguinité – qui, aujourd’hui, n’est heureusement plus de saison- entre la culture et la religion. L’exemple le plus typique en est cette phrase (contestable) d’Ernest Renan (qu’on retrouvera dans l’ouvrage suivant : Renan, la Bible et les Juifs, Arléa, 2008) : nous avons la même culture, partant, nous avons la même religion…
Aujourd’hui, on ne peut pas reprendre une telle phrase sans la modifier profondément : tous les Français ne sont pas catholiques, tous les Britanniques ne sont pas anglicans ni tous les Allemands protestants… Par contre, il faut bien reconnaître que dans les Etats arabo-musulmans, la quasi-totalité des citoyens sont de religion islamique. Cela pose évidemment le problème de la co existence des cultures, mais surtout des religions là où telle ou telle confession est en position de force…
Les rapports parfois conflictuels entre la religion, d’une part, et la culture, d’autre part, posent la question de l’antériorité à la fois temporelle et ontologique : qui est apparue la première ? Qui a formé l’autre ? La religion, la culture ou l’inverse ?
On peut, semble-t-il, parler d’une genèse religieuse de la culture et même de la politique, l’esprit humain ayant mis un certain temps à se détacher de la nature, ou pour parler comme Hegel, à se réveiller, à sortir de son sommeil.
C’est probablement le fonds religieux de la culture qui explique –à défaut de justifier- les oppositions entre les hommes, voire les conflits violents.
LE DIALOGUE DES CULTURES EST-IL AUSSI UN DIALOGUE DES RELIGIONS ?
Même si les deux notions ne sont pas à mettre sur un même niveau, il est indéniable que l’une détermine l’autre, dans une large mesure.
Le dialogue des cultures doit être précédé ou accompagné d’un dialogue interreligieux.
Prenons l’exemple de deux grandes religions mondiales dont les dogmes religieux s’opposent au point d’être incompatibles.
Le christianisme avec sa divinité trine, dite le mystère de la sainte Trinité, qui concentre l’essence de ses croyances dans cette représentation de trois personnes qui n‘en font qu’une : le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Et face à lui, pour ne pas dire, en opposition avec lui, on trouve l’islam qui rejette, déjà dans le Coran, tout fractionnement de l’essence divine et prône l’adoption sans hésitation de la religion d’Abraham, découvreur et apôtre du monothéisme le plus strict…
Comment faire pour que les adeptes –sincères- de ces deux religions se parlent, échangent et co-existent pacifiquement ? Or, aujourd’hui où les musulmans s’affirment en tant que communauté religieuse bien définie, voire même radicalisée, comment concilier, au simple plan culturel, une vie commune ? Par delà cette cohabitation qui s’avère parfois difficile (voir les banlieues françaises qui deviennent de véritables ghetti), comment préserver un minimum d’estime pour des croyances qui ne sont pas les vôtres, voire même que votre propre religion rejette énergiquement ? Et dans ce contexte un peu particulier, nous rappelons aussi qu’alors que des mosquées se construisent un peu partout, avec ou sans minaret, les églises, elles, sont absentes d’Arabie, par exemple.
Il faut aussi avoir un pensée pour cet archevêque italien, chef de l’Eglise catholique en Turquie, qui fut égorgé par son propre… chauffeur dont on a appris qu’il était un déséquilibré. Mais le problème est que ce n’est pas la première fois que cela arrive. Selon nous, cela montre qu’il y a encore un travail culturel à faire auprès de la masse des croyants afin qu’ils considèrent la croyance en Dieu comme un progrès en soi. Peut importe comment on croit.
IDENTITÉ ET DIALOGUE DES CULTURES
Il est évident que la culture génère des valeurs qui, à leur tour, fondent une identité laquelle construira à son tour une vision du monde. Un adepte de Bouddha ne se comportera pas à l’égard du monde matériel comme un musulman, un chrétien ou un juif… Mais il est vrai que, dans ce cas précis, il y a le pacifisme des Bouddhistes qui tranche vraiment par rapport à d’autres pratiques.
Nous renvoyons aux heurts interethniques du Cachemire où Hindous et musulmans s’entredéchirent régulièrement… Mais ce s’est pas le seul lieu de la planète où de telles incompréhensions prennent un tour sanglant. Les Turcs et les Arméniens n’ont pas beaucoup dialogué au cours des décennies passées… La même chose pourrait se dire des relations des Ottomans avec un autre peuple opprimé, les Kurdes.
Pourtant, tous ces peuples partagent certaines caractéristiques en commun bien que leurs croyances divergent au plus haut point. La religion peut donc être un redoutable obstacle à l’entente et à la compréhension.
Ne pourrions nous pas penser que celles-ci génèrent parfois des identités frontières, voire des identités meurtrières qui conduisent des peuples à en attaquer ou à en tuer d’autres, au nom, justement, de ces différences ?
L’identité a plusieurs facettes, notamment religieuse, culturelle, linguistique, folklorique, etc… Certains groupes humains, notamment minoritaires, peuvent partager avec d’autres groupes, majoritaires, ceux là, des attaches communes… tout en divergeant au plan religieux. Et c’est là qu’éclatent les troubles… Sont-ils inéluctables ? Non point. Il convient de développer des contacts avec l’autre (ce n’est pas toujours facile), de connaître ses traditions tout en préservant les siennes propres, de voir en lui un frère en humanité qui doit nous respecter autant que nous le respectons.
LE DIALOGUE SOUS TOUTES SES FORMES :
Comment obvier à toutes ces difficultés ? La seule façon d’agir contre les préjugés et les préventions est de connaître la théologie des autres, d’étudier leurs représentations religieuses, de voir ce qui est essentiel par rapport à ce qui est secondaire, ou permanent par opposition au transitoire.
La science des religions comparées nous enseigne que les mêmes mythes gisent au fondement de toutes nos pratiques religieuses. La Bible, par exemple, tout en apportant le monothéisme éthique à l’humanité, a beaucoup emprunté aux civilisations et aux cultures qui l’ont précédée. Certes, il n’est pas question de lui dénier une certaine originalité, notamment lorsqu’elle a réinvesti nombre de pratiques antérieures de valeurs nouvelles, e.g. le chabbat qui dans l’ancienne Babylone était un jour de triste méditation et de deuil… Les Hébreux en ont fait un jour sacré, dédié à la joie à la joie et a bonheur de vivre.
Le dialogue interreligieux est inséparable du dialogue des cultures car il touche au plus profond de l’être. Il affecte profondément notre Weltanschauung, notre vision de l’univers. Il ne faut pas négliger le fait religieux, ainsi qu’on le nomme en France
LA FIGURE CHARISMATIQUE D’ABRAHAM
Au moment où elle était encore consciente de son unité profonde, de ses origines communes et de son destin universel, l’humanité croyante a pu voir en Abraham l’incarnation même de la notion d’alliance.
LA THÈSE DU MONOGÉNISME
Dans le cadre des croyants, on peut mettre l’accent sur la personnalité d’Abraham qui réunit en son sein tous les croyants. Comme disait Ernest Renan, il faut élargir le sein d’Abraham…
Même si l’on est incroyant, on oeut y voir l’affirmation réitérée d’une communauté de destin, de la racine même du mongénisme : l’humanité est certes divers et variée mais ses origines sont uniques. Un seul ADAM.
Conclusion : diversité ou opposition culturelle ? Les cultures authentique ne peuvent s’opposer entre elles. Elles sont différentes. De cette diversité faisons un enrichissement et une force.