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LA CREATION DU PAKISTAN FUT-ELLE UNE ERREUR ?

LA CREATION DU PAKISTAN FUT-ELLE UNE ERREUR ?
Lu dans Le Figaro d’il y a trois jours sous la plume experte de mon ami Alexandre Adler… L’article porte le même titre. L’auteur revient sur les déchirements qui conduisirent, lors du départ des Anglais des Indes, à la concentration des musulmans du sous continent dans un espace spécifique afin d’éviter une sorte de guerre de religions, laquelle n’a, en tout état de cause, jamais cessé, que ce soit pour le Cachemire ou d’autres raisons plus ou moins inavouables. Ainsi naquit le Pakistan.
Ce n’est pas la première fois que les grands diplomates de l’Occident ou ceux qui se font passer pour tels commettent des bévues que nous mettons des décennies à payer. Songeons aux USA qui créèrent (avec l’aide de ce même Pakistan, lequel poursuivait d’autres objectifs que les Américains) et armèrent ces fameux Talibans contre les Soviétiques. On connaît la suite. Songeons aussi à Israël qui favorisa en sous main le Hamas afin de porter un coup au Fatah… Quelques années plus tard, l’ennemi d »hier est devenu l’allié d’aujourd’hui alors que l’ami d’avant-hier s’est mué en un implacable ennemi.


Il est vrai que les atermoiements de l’Inde et son jeu trouble vis-à-vis de Moscou donnaient au Pakistan ennemi une importance cruciale et une capacité de nuisance non négligeable : chaque fois que l’Inde se rapprochait trop du communisme, l’Occident ranimait un peu la guerre aux frontières et l’Inde y regardait à deux fois avant d’aller plus loin en direction de Moscou. Dans ce contexte, on vit apparaître l’Inde comme puissance nucléaire, ce qui faisait planer sur le Pakistan voisin (avec ses 160 millions d’habitants aujourd’hui) une menace de mort… La réaction ne se fit point attendre : le Pakistan se dota à son tour de l’arme nucléaire, au motif que l’Inde, son vieil ennemi, la possédait.
Les USA et les Occidentaux surveillent le Pakistan comme le lait sur le feu. On se souvient des élections qui provoquèrent l’assassinat de Me Benazir Bhutto et portèrent indirectement son mari à la présidence. L’ancien chef d’Etat, le général Musharraf est rentré dans le rang et un nouveau chef d’Etat major des armées va être choisi alors que le précédent semblait donner toute satisfaction en combattant durement les Talibans, comme l’atteste d’ailleurs cette série d’attentats sanglants que ces derniers organisaient pour se venger des coups reçus…
Et aujourd’hui, tout est remis en cause : les armes nucléaires circulent perpétuellement sur de simples camions le long des routes afin d’échapper à une éventuelle première frappe indienne… C’est fou ! Les USA déploient une ingéniosité sans égale pour s’assurer que ces armes ne tombent jamais en de mauvaises mains… Mais ce n’est pas tout !
Si un nouveau chef d’Etat major est désigné, nul ne sait s’il continuera à jouer un jeu ambigu avec l’Afghanistan voisin qui demeure l’obsession des généraux pakistanais : il leur offre l’indispensable profondeur stratégique en cas d’attaque indienne… Toujours l’Inde ! Il faut bien comprendre qsu’il y va de leur survie.
Ah, j’oubliais : il n’y a pas si longtemps, le président Zardari (le veuf de Me Bhutto) a échappé à un attentat… Et en Afghanistan, l’Inde et le Pakistan font une véritable danse du ventre devant Hamid Karzaï ; dans l’intervalle,  les Talibans font, eux, des ravages dans les rangs de l’ISAF qui a perdu beaucoup d’hommes depuis le début de l’année en raison des bombes artisanales déposées le long des routes de ses convois : et qui les leur fournit, qui les aide à les fabriquer, qui les renseigne ? Cherchez et vous vous retrouverez dans l’anti chambre de l’Etat major pakistanais.
Pourquoi cette inamovible obsession ? Les généraux pakistanais se souviennent de l’incroyable leçon que l’armée indienne leur a administrée, il n’ y a pas si longtemps, au moins deux fois. Ils savent que l’on ne peut compter que sur soi-même lorsqu’il s’agit d’assurer sa propre sécurité. Ils ont en mémoire comment réagissent les Américains : si le Congrès des USA sifflait la fin de la récréation, Washington rapatrierait ses troupes laissant les Pakistanais dans un douloureux (et fatal) tête à tête avec son vieil ennemi indien… D’où le recours à la seule arme dont ils disposent : un jeu trouble en Afghanistan.
Le dernier détail (et il est de taille) qui empêche les généraux d’Islamabad de dormir : la croissance démographique indienne, plus d’un milliard face à un pays voisin qui compte moins de deux cents millions d’âmes.
Alors, Washington a beau taper du poing sur la table, menacer même de bombarder le Pakistan, celui-ci sait qu’il occupe une place stratégique dans l’échiquier : fallait-il alors le créer, voilà six petites décennies ?
Nous arrivons à tout faire de nos jours : aller sur la lune, camper dans l’espace, envoyer des vaisseaux sur mars, soigner les cancers, les maladies chroniques, remplacer les organes humains (les jambes bioniques, le cœur artificiel, rendre la vue aux aveugles), mais nous ne réussissons pas à rendre la paix aux hommes, à installer la sérénité et l’amour du prochain dans leur cœur.
Comment faire pour que tous ces foyers de belligérance, de haine et de guerre disparaissent ? Un vieux prophète hébraïque du VIIIe siècle avant JC avait, dans son chapitre 6, je crois, prédit une ère au cours de laquelle, aucun peuple ne brandirait plus le glaive contre un autre peuple et plus personne n cultiverait l’art de la guerre… Ce cri est resté sans écho depuis près de 2800 ans !

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