L’office de Kippour au Palais des congrès à PAris avec la communauté de Copernic
Quelle ferveur religieuse ! Quelle dignité dans la prière ! Quelle foule rassemblée sous les châles de prières, près de 4000 personnes. Tout était parfait à l’exception de certains discours (pas celui du rabbin William) mais bien le dernier de l’actuel président du crijf qui a tenu une sorte de chronique de faits divers.. Franchement, cette journée solennelle que ce discours banal et fourre-tout a failli compromettre. Mais revenons à l’essentiel.
C’est la première fois que celui qui fut l’administrateur de la grande synagogue La Victoire durant vingt ans et numéro 2 du Consistoire de Paris pendant 16 ans ( 4 mandats successifs) sautait le pas et allait avec sa famille à un office religieux situé à moins de dix minutes à pied de chez lui.
Et franchement, nous ne fumes pas déçus. Quelle joie de prier aux côtés de sa fille et de sa femme, de pouvoir les bénir à la fin de l’office, de voir que même ignorantes de l’hébreu, elles suivent les prières en langues française.. Depuis l’époque du talmud on prévoyait que certaines prières pouvaient être récitées autrement qu’en hébreu, dans la michna qui commence par éllu ha-néémarim.. Le français complète la langue liturgique hébraïque, il ne la remplace pas.
Que les femmes prient auprès des hommes ne nuit pas à la bonne cause, au contraire, cela resserre les liens au sein du foyer, et les femmes peuvent suivre grâce à la version française de certaines prières, notamment des selihot (compositions pénitentielles) qui sont généralement incompréhensibles pour 99 % des gens. Surtout les selihot ashkénazes qui sont très dures à saisir. Les deux dames qui ont lu les chapitres du livre de Jonas se sont très bien acquittées de leur tâche et ensuite c’est un homme qui a donné lecture de la version française. Donc, tout le monde sait de quoi il s’agit. Et suit au lieu de parler. J’ai été impressionné par la lecture de certaines prières récitées au micro par des personnalité du barreau, de la bqnque et de la grande industrie. D’anciens ministres étaient présents, même le Directeur général du FMI et son épouse…
La longueur des offices est respectée, les prières ne sont pas escamotées, notamment le service du grand prêtre dans le Saint des Saints : à quatre reprises, nous nous prosternons, face contre terre, pour marquer les fois où le grand pontife murmure le Nom ineffable de D-
Je crois qu’en France se produit le même phénomène qu’en Allemagne à la fin du XIXe siècle : les juifs basculent vers le libéralisme qui en a profité pour s’ancrer d’avantage dans la tradition : on n’assiste plus à la braderie religieuse qui avait cours il trois ou quatre décennies dans l’unique synagogue libérale : irons nous vers une unité où l’on prendrait ce qu’il y a de mieux dans chaque camp ? Oui, si les orthodoxes font preuve d’intelligence et de savoir faire.
Laissez moi vous dire combien les prières de kippour sont émouvantes, combien le peuple d’Israël est touchant quand, tout à l’unisson comme un seul homme, il implore la grâce et le pardon divins.
Un eul bémol peut-être : tout repose sur les prières chantées et pré enregistrées. Un chœur eût mieux fait l’affaire… Comme à la Victoire.
Pour l’année prochaine, si D- nous inscrit dans le livre des vivants, on reprend tout sauf le discours émaillé de faits divers prononcé par le personnage mentionné plus haut.
Mais en dépit de cette intervention intempestive, Kippour nous a lavés de nos péchés et purifiés devant l’Eternel.