LES GRÈVES, LA PRESSE ET L’AMPLIFICATION
L’information, disait Lénine, est un combat ! Tout dépend de la façon dont vous présentez les choses. Vous pouvez annoncer à quelqu’un une mauvaise nouvelle en la présentant comme un pis aller et en faisant valoir que cela aurait pu être bien pire… C’est ce que font tous les gouvernements de la terre en dressant un bilan économique, pourtant peu flatteur de leur action. Ils ne peuvent pas dire qu’ils ont échoué, que tout va mal, etc..
C’est exactement la même chose avec les journées de grève et les moyens d’information.
Depuis au moins une bonne trentaine d’années, la presse a flairé la bonne affaire et donne à des sujets chauds et d’actualité une dimension que ces faits n’ont pas. A l’époque de la Renaissance, on appelait cette inflation du discours l’amplification (amplificatione). On s’ingénie à donner du relief à des événements ou des actions qui en sont dépourvus
Aujourd’hui, on commence la veille à emboucher la trompette et on annonce qu’on va voir ce qu’on va voir. Ce qui fait que les honnêtes gens qui travaillent, vaquent à leurs occupations pour gagner leur vie, sont conditionnés, entièrement dépendants de ces canaux d’information dont ils ne peuvent pas vérifier, faute de moyens, la véracité ni la fiabilité. Et c’est ainsi que l’on crée un climat qui n’a plus rien à voir avec la réalité. Or, comment voulez vous lutter contre un climat ? C’est comme tenter de saisir de l’air !
Percevoir un climat, une ambiance, une atmosphère est une affaire de perception. Et la perception, c’est la subjectivité. Comment je vous les choses, comment je les ressens à l’aide de ma sensibilité propre. Si l’on ne faisait pas un tel battage médiatique, on pourrait très bien se rendre à son lieu de travail, faire ce qu’on a à faire, ressentir quelques gênes inhabituelles et ne pas dramatiser. Mais si on martèle tous les quarts d’heure que le ciel va nous tomber sur la tête, cela finit par nous arriver.
Avec tout le respect dû aux organisations syndicales qui défendent les intérêts légitimes des travailleurs, la grève va être un échec car les Français savant bien qu’il n’existe pas d’autre moyen de financer leurs vieux jours et que ces cessations de travail à répétition n’auront plus d’effet.
2010 n’est pas 1995. Et ce n’est plus le même homme qui trône à l’Elysée. Et en plus, la loi a été votée.