François Fillon ou la consécration, salaire de la persévérance…
Après une si longue attente, ce qui allait de soi a fini par s’imposer : le président de la République, fin stratège, n’a peut-être jamais vraiment hésité, tout en donnant l’impression que différentes possibilités s’offraient à lui. La politique est un art bien difficile avec des sinuosités assez tortueuses. Car, au fond, comment remercier un Premier Ministre, aimé de l’opinion, adoubé par la majorité de l’Assemblée Nationale, et qui est loin d’avoir démérité ? Sans même parler de son bilan qui est d’une incontestable consistance.
Comment se passer d’un homme qui a tenu le cap pendant ces huit dernières semaines, traversées par pas moins de huit journées d’action afin d’entraver l’adoption de la réforme du système des retraites dont le pays avait tant besoin ? Certains penseront peut-être que je suis de parti pris, mais on devrait se souvenir de l’épisode de 1995 quand le Premier Ministre de l’époque a dû partir… Cette année avec M. François Fillon, un tel scénario n’a jamais été envisagé.
On a évoqué en titre la persévérance, intelligente et pleine de discernement de M. François Fillon, ce point mérite au moins un petit développement : alors que les commentateurs se gaussaient d’un Premier Ministre qui n’aurait été qu’un simple faire-valoir du chef de l’Etat, François Fillon a constamment maintenu le cap, cru en lui-même, insensible aux critiques injustifiées. Les Français, peuple assez ingouvernable mais tout de même pétri de bon sens, ont su reconnaître en lui un parfait honnête homme : le voici redevenu un Premier Ministre exerçant ses fonctions dans leur plénitude, pour reprendre une expression de Raymond Barre. Certes, les débuts ont dû être difficiles, mais c’est le métier qui veut cela.
François Fillon a aussi tordu le cou à deux idées que l’on présentait comme des faits d’expérience : le locataire de Matignon deviendrait inéluctablement le rival de celui qui l’a nommé à ce poste et quand il quitte ses fonctions, il serait usé jusqu’à la corde, vidé, épuisé.. Regardez le Premier Ministre, il n’a même plus mal au dos et je ne l’aperçois plus, à un jet de pierre de la Place Victor Hugo…
Il faut aussi dire un mot d’une double vertu cardinale, si rare en politique, la fidélité, synonyme de loyauté. Si vous interrogez les Français, ou même les citoyens d’autres pays démocratiques dans le monde, ils vous diront que la pratique politique évoque hélas le dévoiement et le cynisme, et ce n’est pas le philosophe, auteur de ces lignes, qui les démentirait…
François Fillon me semble trancher avantageusement par rapport à cela car il incarne de vraies vertus. Certes, il ne faut pas être trop tendre en politique, mais croire en des valeurs, notamment sociales (et il en a car il se revendique de son mentor, le regretté Philippe Séguin) ne nuit pas. Bien au contraire.
Avec adresse et efficacité, sans jamais dire publiquement de paroles brutales ou offensantes contre qui que ce soit, François Fillon, bien entouré et très bien conseillé, a obtenu ce qu’il souhaitait, moins de deux semaines après exprimé sa volonté de rester à son poste. Mais Seigneur, pourquoi ne l’a-t-il pas fait un peu plus tôt ?
Bonne chance, Monsieur le Premier Ministre !