Comment les Allemands et les Français perçoivent-ils l’islam ?
De l’avis unanime des observateurs, les résultats des sondages effectués sur l’islam auprès des Français et des Allemands ne sont pas réjouissants pour les intéressés : plus de 70% des sondés jugent sévèrement les musulmans d’Europe et d’ailleurs et environ 40% leur emboîtent le pas pour exprimer leurs craintes et leur critiques inspirées par l’échec de l’intégration. Et j’ajoute que c’est le journal Le Monde qui publie de tels résultats en s’entourant de toutes les précautions d’usage.
Ces résultats ne sont guère surprenants. Mais comment s’expliquent-ils ? Et comment pourrions nous (je dis bien au conditionnel) changer cette donne si peu encourageante et qui signe l’échec de cette greffe de l’islam en tant que religion d’Europe parmi tant d’autres ?
La première raison est que la population européenne (même du nord et jusqu’au sud de notre continent) assimile l’islam au terrorisme : ces gens ont tort de le faire mais ils le font car l’écrasante majorité des actes terroristes de par le monde s’originent de ces pays : voyez le tout dernier exemple en date : le gouverneur pakistanais du Pendjab, assassiné par son propre garde du corps. Et pour quelle raison ? Parce qu’il avait eu le courage de soutenir publiquement une jeune pakistanaise chrétienne refusant de renoncer à ses croyances. Cela a suffi pour l’accuser de blasphème et la condamner à mort. Si vous y ajoutez un bref rappel de ce qui se passe en Iran avec la femme condamnée à la lapidation pour un supposé adultère, vous comprendrez aisément la vague d’indignation qui submerge l’opinion publique mondiale…
Dans nos pays cela ressemble à un mauvais rêve, mais il suffisait d’écouter les extrémistes pakistanaise sur France 24 pour voir qu’ils justifiaient ce crime sans ciller : comment voulez vous, dans ce cas précis, que les gens pensent du bien de l’appartenance religieuse des auteurs d’un tel acte et de leurs commanditaires? Mais, je le redis, là aussi, les gens ont tort d’assimiler tout l’islam à ce genre d’actes.
Par ailleurs, les populations d’Europe ne comprennent pas que la religion occupe autant de place dans le vécu et le penser des gens. Dans nos pays hyper développés, la religion s’est progressivement estompée, les fêtes religieuses à l’origine se sont lentement laïcisées (plus besoin d’être catholique pour festoyer à Noël) et les pratiques religieuses ont cédé devant une spiritualisation générale… C’est comme si l’allégorisme philonien avait eu raison du dogme religieux.
Mais voilà, dans ces mêmes pays d’Europe, les immigrants non judéo-chrétiens ressentent cette désacralisation de l’existence comme une atteinte à leur identité profonde et se blottissent contre leur religion comme s’il s’agissait d’une valeur refuge. S’il n’en était pas ainsi, comment comprendre toutes ces émotions autour du voile islamique et de la burka ? Cette manière de se distinguer dans l’espace public a donné les résultats du sondage pré cité. Et encore, nous ne parlons pas de la traduction en termes politiques : je fais allusion aux votes en faveur d’un fameux parti d’extrême droite…
Comment sortir de cette impasse. L’islam d’Europe pourrait être une chance pour cette communauté religieuse au plan mondial. Il devrait se doter d’un organisme central qui le représente au plan européen et redéfinirait l’essence même de l’existence musulmane comme on a une essence du christianisme et une essence du judaïsme clairement définies… Et ces religions n’ont pas subi de préjudice à la suite de ces définitions théologiques ou philosophiques.
On ne peut pas freiner l’évolution des mœurs. On ne peut pas s’en prendre au temps ni au sens de l’histoire.
Les philosophes que nous sommes distinguent entre deux centres intellectuels anciens du monde musulman : Alexandrie et Bagdad. Disons à ceux qui savent comprendre qu’il faudrait, dans ce cas précis, qu’Alexandrie reprenne le dessus sur Bagdad