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La situation en Tunisie : la France a-t-elle fait fausse route ?

La situation en Tunisie : la France a-t-elle fait fausse route ?

 

Décidemment, le lien, le cordon ombilical, pourrait-on dire, entre la France, ancienne puissance tutélaire et son protectorat, en l’occurrence, la Tunisie, a du mal à se distendre ou simplement à s’estomper. Alors que la révolution dite du jasmin (on oublie que ce terme provient de la l’arabe yasmine, comme d’ailleurs couffin ou toubib ou encore mousseline qui vient de la ville de Moussoul)) est en passe de s’affirmer malgré des troubles somme toute prévisibles, certains, en France, entendent instruire le procès de l’incompétence ou de l’impéritie de notre diplomatie : pourquoi n’a-t-on rien vu venir ?

En fait, on ne peut pas faire ce reproche aux seuls diplomates, même si tous nos chefs de poste à l’étranger sont nos yeux et nos oreilles. Ce sont les ambassades qui renseignent et conseillent le gouvernement, lequel est seul à décider de la marche à suivre. Dans ce cas d’espèce, la Tunisie, avec tout le respect dû aux plus hautes autorités de l’Etat, il y a eu maldonne, et singulièrement les réactions étranges de certains ministres proposant d’aider, de manière insolite, il faut bien le reconnaître, un dictateur à rétablir l’ordre dans son pays.

Mais il ne faut pas instruire à charge, exclusivement. Les choses sont allées trop vite. Ce qui donne à titre posthume encore une fois raison à la phrase de Clausewitz ( De la guerre) : Les conflits ne naissent pas de la volonté des hommes, mais de la rupture d’équilibres…

Les trois prestations télévisions de l’ancien chef d’Etat tunisien tendaient à faire croire qu’il avait repris les choses en main et qu’il était aguerri par un quart de siècle de règne sans partage. Les Etats étant ce qu’ils sont, nul ne doit s’étonner de ce qui est arrivé. Après tout, je me souviens de ce que Henry Kissinger, monstre sacré de la politique internationale, disait de l’ancien dictateur de Panama, qui purge actuellement une peine de prison dans l’Hexagone : c’est un fils de p…, mais le problème, c’est que c’est bien NOTRE fils de p…

Je ne transfère pas une telle appellation au président tunisien déchu, mais il faut bien reconnaître que nul ne songeait à s’en prendre à lui, pas même les USA, ni l’ONU, qui organisa chez lui, il y a peu, une manifestation internationale. Cet homme passait pour l’unique rempart contre l’islamisme. Et je ne suis pas loin de penser qu’il serait encore là s’il n’avait pas cédé à cette dérive mafieuse qui le conduisit à laisser ses proches mettre son pays au pillage.

Mais revenons au sujet : la France a-t-elle fait fausse route ? Oui, c’est probable, même s’il eut été difficile de rapprocher l’immolation du jeune diplômé de Sidi Bouzid de l’immolation de Jan Palach, jadis en Prague, après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Et qui déclencha un mouvement d’une ampleur insoupçonnée.

Mais au-delà des réactions compassées de quelques diplomates de l’ancienne école, qui craignent d’aller à l’encontre de la pensée unique et de freiner ainsi leur carrière, il y a un véritable effort à faire, dans le domaine du renseignement.

Que nous arriverait-il si d’autres jeunes gens s’immolaient dans les deux autres pays d’Afrique du nord, dans lesquels nous avons, jadis, exercé notre autorité ? Pour l’instant, le peuple tunisien, descendant des Carthaginois, n’est pas encore secoué par un ressentiment anti-français. Mais prenons garde et surveillons l’évolution de la situation, sur place comme dans les deux autres pays voisins, comme on surveille le lait sur le feu. Ainsi, nous n’aurons pas de mauvaises surprises.

Enfin, la France a tout de même bien redressé la situation, et suffisamment vite : d’une part, en faisant savoir qu’il ne fut jamais question d’accueillir le fuyard chez nous et d’autre part en plaçant ses avoirs et ceux de ses proches sous séquestre.

Et enfin, en proclamant notre solidarité avec le peuple tunisien en lutte pour recouvrer sa liberté.

C’est le retour de la France des droits de l’homme…

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