Les vacances du premier Ministre François Fillon
Au rsique de surprendre, on commencera ce billet par une remarque : avons nous encore une presse, d’information ou d’opinion, digne de ce nom ? Formulé autrement : les journalistes font-ils encore leur travail ? S’acquittent-ils vraiment de ce que l’on attend d’eux dans une société démocratique ? Je pense évidemment à la nouvelle qui occupe toutes les rédactions depuis hier en fin d‘après-midi : le Premier Ministre Français Fillon et son voyage sur les bords du Nil.
Curieusement, personne n’a prêté attention au fait que le Premier Ministre a mis son déplacement à profit pour assister à une messe à Louxor, à un moment où les Coptes payaient un lourd tribut pour vivre conformément à leurs convictions religieuses. C’est dire combien une certaine presse, y compris, hélas, les grands quotidiens nationaux, ne s’intéressent qu’à ce qui défraie la chronique.
Mais revenons à cette question si disputée alors qu’elle constitue en fait un non-événement : notre Premier Ministre se rend avec sa famille dans un pays du Proche Orient, en l’occurrence l’Egypte, pour y prendre quelques jours de repos (bien mérité). Après tout, bien que chef du gouvernement, il a lui aussi le droit de se détendre et ce qu’il fait pour l’ensemble des Français le justifie largement. Etant un chef de gouvernement en exercice, la courtoisie intergouvernementale veut qu’il soit, en quelque sorte, l’invité (entre guillemets) des autorités du pays où il se rend, et singulièrement lorsqu’il s’agit d’un gouvernement ami qui nous aide tant dans la politique méditerranéenne et facilite nos relations avec un monde arabe en ébullition depuis quelque temps.
Je précise que François Fillon s’est rendu dans ce pays bien avant les troubles du 25 janvier et que rien , absolument rien, ne laissait prévoir un tel embrasement. Enfin, avant cette date fatidique, le président Hosni Moubarak n’était pas encore considéré comme un pestiféré mais jouissait d’une estime parfaite aux yeux de tous les gouvernements de la terre. Et ce ne sont pas les USA qui me démentiraient sur ce point, même si les récents événements ont quelque peu modifié leur approche…
Que reproche-t-on à M. François Fillon , d’être allé dans un pays dont les autorités l’ont accueilli avec grâce ? Mais feu François Mitterrand avait fait de l’escale égyptienne sa destination de prédilection, et notamment à la même période des vacances de Noël … Et le Maroc ?
J’ai moi-même passé des vacances dans un palace d’Agadir où je prenais mes repas aux côtés d’un ministre français en exercice, porte-parole du gouvernement, d’un autre haut dignitaire et de quelques célébrités (grandes actrices et grand cinéastes)… Et tout ce petit monde festoyait chaque soir, partait en excursion chaque matin, escorté par des voitures de la police locale… Etait-ce choquant ? Pas du bout ! Voulez vous que des membres d’un gouvernement circulent sans sécurité dans de tels pays ? C’est insensé ! Lors de ce même voyage à Agadir, on nous a refoulés à Taroudan lorsque nous avions voulu déjeuner dans ce beau restaurant La gazelle d’or… Savez vous pourquoi ? L’ancien chef de l’Etat s’y trouvait… Personne n’avait alors élevé la moindre protestation !
Il y a peu d’années, une très haute personnalité française s’est rendue à Pétra, magnifique site nabatéen qui vous coupe le souffle lorsque vous arrivez en vue de son temple. La personnalité en question a précisé que c’était le roi de Jordanie qui avait envoyé son avion personnel le chercher pour ce week end passé dans le palais royal au bord de la Mer rouge.
Alors que veut-on ? Economiser de l’argent, montrer que nos gouvernants ne nous coûtent pas un sou ou bien, leur reprocher d’accepter des invitations émanant de gouvernements amis ?
Lorsque tel ou tel chef d’Etat ou de gouvernement vient se reposer ou se faire soigner chez nous, ne sommes nous pas tenus, par courtoisie, d’assurer sa sécurité, de mettre à sa disposition certaines facilités d’hébergement et de déplacement ?
Notre pays devrait se ressaisir. La presse elle-même devrait être plus consciente de ses responsabilités éthiques. Nos gouvernants, quels qu’ils soient, ne sont pas nos ennemis. Nous les avons élus démocratiquement. Cette attitude qui consiste à dénoncer et à flétrir ceux qui nous dirigent relève de la haine de soi. Oui, retrouvons enfin l’estime de nous-mêmes et cessons de harceler un Premier Ministre honnête, courageux et travailleur.