La révolte syrienne, noyée dans le sang.
Plus de cent morts selon al-Arabiya et Al-Djazira, dans la petite cille de Dera’a, non loin de Damas. J’ai entendu l’interview d’une mère de famille disant au téléphone que les gens restaient cloîtrés chez eux, que les enfants ne pouvaient plus jouer dans la rue et qu’un médecin innocent qui se rendait dans une mosquée afin d ‘y soigner des blessés avait été tué par un sniper appartenant aux forces spéciales.
Ce matin, sur BFM Tv, des inquiétudes encore plus fortes étaient exprimées, en particulier en ce vendredi, jour de grande prière dans les pays musulmans.
Le spécialiste libanais ou franco-libanais Antoine Basbous a bien qualifié la nature du régime syrien, dirigé par le fils de Hafez el-Assad, un homme qui n’hésita pas à massacrer des milliers d’opposants dans la ville de Hama, à huis clos : pas de reporters, de pas de téléphones portables, ni d’internet à l’époque. On pouvait massacrer en silence et en toute quiétude ! Basbous a souligné la nature rude et violente du régime qui gouverne par la terreur et la corruption et maintient l’état d’urgence depuis près d’un demi siècle.
Bachar el-Assad a promis de prendre des mesures dans le sens exigé par les protestataire, il a envisagé de lever l’état d’urgence, d’augmenter les salaires et de relâcher les manifestants arrêtés. Mais quid de la liberté d’expression, du sort des détenus politiques, de la position dominante de sa famille et de son clan dans le gouvernement du pays ?
Rien de nouveau, il n’est donc pas du tout certain que cela va calmer l’ardeur des mécontents…
Basbous a aussi attiré l’attention sur les conséquences entraînées par la chute probable du régime : elle priverait l’Iran d’un allié de choix au Proche Orient et affaiblirait fortement la position du Hezbollah qui réceptionne les armes iraniennes par les ports et les aéroports syriens. Mais allons plus loin encore : si ces deux Etats étaient pris dans le vent de la révolte, ce serait la disparition pure et simple du Hezbollah qui perdrait ainsi ses plus fidèles soutiens.
Au train où vont les choses, on n’en est plus très loin. Mais comment se sentiront les Occidentaux qui ont tendu une perche à Bachar el-Assad lequel a provoqué la mort de plus de cent manifestants hier et avant-hier dans son pays ?