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  • La chevauchée fantastique des Chabab en faveur de la liberté et de la démocratie ?

     

     

    La chevauchée fantastique des Chabab en faveur de la liberté et de la démocratie ?

    Ce matin, je voulais vous parler de tout autre chose mais au moment de me lever pour m’installer dans mon petit bureau, j’ai entendu sur France 24 un jeune libyen embrasser le nouvel étendard de son pays en disant : freedom Libya !

    Quel émouvant spectacle ! Voir ces jeunes gens qui sont étudiants, médecins, sociologues, ou chômeurs, monter au front la fleur au fusil, prêts à se sacrifier pour que leur patrie retrouve une liberté confisquée depuis presque un demi siècle. Ces hommes ne connaissent visiblement pas la nature profonde des états (monstres froids) qui ont, pour des raisons que j’ignore (négociations secrètes en coulisses ?) interrompu les frappes aériennes, permettant ainsi aux blindés et l’artillerie lourde de Khadafi de se déchaîner contre les insurgés et de les contraindre à un repli en mauvais ordre.

    Emouvant, ce jeune soldat de fortune qui disait qu’un seul avion suffirait pour qu’en trois jours, les insurgés arrivent aux portes de Tripoli. Heureusement que la France, elle, n’a pas interrompu ses frappes et que l’OTAN s’est remis à l’œuvre dès la nuit dernière.

    Il y a aussi cette défection (sincère ou calculée) d’un des piliers du régime Moussa Koussa, ministre des affaires étrangères mais en réalité grand coordinateur des services secrets que les Américains ont pu retourner ou, en tout cas, intimider, comme ils sont montré qu’ils savaient le faire en Irak avec l’Etat-Major irakien, acheté à prix d’or. Et qui, du coup, ne s’est pas battu. Un scénario identique en Libye ? Cela ferait l’économie de tant de vies humaines.

    Comme je vous l’annonçais hier immédiatement après le discours de Bachar el-Assad, le régime syrien est inamendable. Alain Juppé vient de le confirmer en langage plus diplomatique. Le président syrien est un jouet entre les mains de son clan dont il dépend entièrement. Derrière les apparences, le régime est en fait une dictature militaire qui ne veut pas entendre parler de réformes… Ce qui signifie que nous allons au clash !

    Mais ne soyons pas pessimistes. Le fait que tous ces combattants n’aient qu’un mot à la bouche (freedom en anglais et hourriya en arabe) montrent que pour une fois on ne va pas de Charybde en Scylla. Pas un seul thème islamiste à l’horizon. Et je doute que le parti de Ben Laden puisse confisquer la victoire à son profit.

    Et si les peuples arabes reconnaissaient enfin les mérites de la démocratie occidentale (al-democratiya al-gharbiya) ?

  • Le discours du président Bacahr el-Assad

    Le discours du président Bacahr el-Assad

    J’ai suivi en direct sur France 24 le discours de Bachar el-Assad. La montagne a accouché d’une souris. Visiblement, l’homme a été sévèrement recadré par son entourage car il n’a annoncé aucune réforme, a maintenu l’état d’urgence qu’il a même justifié et s’est gaussé des chaînes satellitaires (Al-djazia et Al-arabya) qui rendent compte, le plus fidèlement possible, des massacres commis par son armée et sa police politiques ces dernières semaines.

    Gagons que les troubles hélas iront de plus belle et que les répression sera encore plus dure.

    De lui-même, le chef de l’Etat syrien a voulu donner une image rassurante, pour bien montrer qu’il n’était pas une marionnette mais tenait fermement les commandes. En réalité, on a bien senti que ces mots d’esprit, ses franches risées étaient de commande.

    On a vu aussi que son discours était interrompu par des représentants serviles le louant, lui assurant obéissance et fidélité. On connaît ces simagrées : les mêmes qui louaient les tyrans les vouaient aux gémonies une fois qu’ils avaient été chassés du pouvoir quelques jours ou quelques semaines plus tard.

    Et puis le chef de l’Etat syrien a usé d’une si grosse ficelle, le complot ! La théorie du complot derrière laquelle se cacheraient ses grands amis américains et israéliens. Il a stigmatisé ceux qui des années durant ont oublié la cause palestiniennes, allusion feutrée à Hosni Moubarak. Mais a évité de parler du Yémen, de la Tunisie et surtout de la Libye.

    En somme, et je regrette de le dire, un discours pour rien. Nous ne pensons pas que cet homme soit vraiment aux commandes à Damas car son discours n’apportait strictement rien de nouveau, pas même cette citation coranique qui laissait deviner que certaines vérités sont toujours bonnes à dire même si elles ne sont pas toujours bonnes à entendre.

    Mais voilà, il n’a rien dit.

  • Politique religion

    Politique religion

     

    Les représentants de six religions pratiquées en France doivent, nous dit-on, publier une sorte de manifeste afin de mettre en garde contre ce qui leur apparaît comme un danger de stigmatisation d’une confession particulière, laquelle affiche des difficultés avérées à se mouvoir au sein du cadre laïc en vigueur sur le territoire national.

    Ces représentants des cultes sont assurément dans leur rôle lorsqu’ils attirent l’attention sur des dangers potentiels, et notamment lorsqu’ils soulignent qu’un parti politique ne devrait pas assumer seul ce rôle. Cette remarque pose évidemment la question fort disputée cet an-ci entre le religieux et le politique.

    Durant de longs siècles, la France, fille aînée de l’Eglise et solidement ancrée dans le terreau des valeurs chrétiennes, c’est-à-dire vétéro- et néo-testamentaires, a connu une sorte de monogénisme religieux. La religion chrétienne, et notamment le catholicisme, y régnait en maître absolu, protestantisme et judaïsme n’y jouant qu’un rôle périphérique.La décolonisation, la course désordonnée vers l’industrialisation et le regroupement familial, si confusément prônée par Valéry Giscard d’Estaing ont bouleversé ce paysage. En quelques décennies, l’islam est devenu la seconde religion de France.

    Au fond, si cette religion s’était harmonieusement coulée dans le moule français qui est tout sauf rigide, il n y aurait eu aucun problème, la France ne reconnaissant aucun culte mais respectant strictement la liberté de conscience. Le problème, marginal au début et gagnant de l’ampleur au fil du temps, est que l’intégration à la fois sociale et étatique de l’islam a connu des difficultés que l’on n’a pas su résoudre. Car, en réalité, les retards accumulés durant des décennies se révèlent aujourd’hui bien plus complexes. D’où l’idée de débattre de la place de l’islam dans notre société.

    Quelle forme va prendre ce débat ? Sommes nous certains qu’il n y aura pas de dérapage ? Il est évident que la désignation d’une seule religion comme étant celle qui pose problème ressemble un peu, tout de même, à un début de stigmatisation. Mais est ce la faute de l’Etat ou celle du parti majoritaire ?

    Ce serait plutôt imputable à la carence d’une certaine élite musulmane qui a fait défaut et qui n’a pas su, pas pu ou pas voulu, s’organiser comme les catholiques, les protestants et les juifs.

    Lorsque je me suis entretenu, il y a quelques années de cela, avec un important dirigeant musulman de notre pays, il attiré mon attention sur la grande diversités des composantes de l’islam en France, m’expliquant qu’il était très malaisé de le rendre homogène pour en f aire un islam français. C’est juste.

    Je suis en train de lire un livre fort intéressant d’un chercheur américain sur la guerre d’Algérie, Matthew Cinnelly, L’arme secrète du FLN. Comment de Gaulle a perdu la guerre d’Algérie (Payot, 2011).

    Ce livre nous fait tant comprendre tant de choses.