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la résurrection dans le judaïsme Tehiyyat ha-Métim

Conférence devant êprononcée à l'abbaye de FONTEVRAULT le vendredi 22 avril à 18 heures (D- voulant)

 

la résurrection dans le judaïsme

Tehiyyat ha-Métim

 

Remarques préliminaires :

La résurrection des morts est une doctrine cardinale du judaïsme biblique et rabbinique, même si on en a sévèrement restreint l’application par la suite, en raison, principalement en raison des contestations judéo-chrétiennes axées autour de la Résurrection de Jésus.

 

Dans la Bible :

 

Deut. 32 ; 39 : je fais mourir et je fais vivre (mémit u-mehayyé). D- apparaît comme le seul qui ait le pouvoir de faire revivre après avoir fait mourir. C’est donc bien de résurrection qu’il s’agit ici.

I Rois 17 : Elie ressuscite le fils de la veuve de Sidon

II Rois 4 : Elisée ressuscite le fils de la Shounamite… Mais là se pose un problème de taille : comment un cohen et le prophète en était un, a-t-il pu se rendre volontairement impur au contact d’un cadavre ? Conclusion, l’enfant n’était pas vraiment mort…

Isaïe 26 ; 19 : Tes morts revivront, comme mon cadavre ils se lèveront. Réveillez vous er chantez vous, vous qui vivez dans la poussière.

 

Mais c’est dans le livre de Daniel, modèle de toute apocalypse juive classique, que se trouve la référence la plus claire : 12 ; 2 : Et beaucoup de ceux qui gisent dans la poussière se réveilleront… Bizarrement, ce livre de Daniel est classé parmi les Hagiographes et point parmi les prophètes.

 

En fait, la résurrection est presque toujours reliée à l’ide de justice et d’éthique universelles. Ce qui ouvre la porte à un processus de spiritualisation…

 

On peut encore citer un verset des Psaumes : we-hu yenahgué al mot (ou mawet) Il conduira par dessus ou par delà la mort. Mais s’agit-il du substantif MORT ou d’u mot d’une divinité païenne ?

 

LE PROBLÈME DE LA RÉSURRECTION DES CORPS

C’est un phénomène plus complexe car il succède au passage dans le tombeau. Les Sages répondent que D- a pu créer l’univers et l’homme à partir du néant, a fortiori pourra-t-il le faire à partir d’une matière déjà existante, même à l’état inanimé…

Saadia Gaon (882-942) expliquait dans son Livre des croyances et des opinions (Sefer Emounot we-dé’ot) que même une personne, à moitié dévoré par un fauve pourrait ressusciter dans son intégrité première puisque D- a pu le créer à partir de rien. A fortiori à partir d’un corps même mutilé ou amputé…

 

LE RÉSURRECTION FACE À L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME :

Excellent passage métaphorique du traité Sanhédrin 91a-b (allégorie de l’aveugle et du cul de jatte) : symboles respectifs de l’âme qu’on ne voit pas et du corps qui ne peut pas bouger… Le juge suprême les met l’un sur l’autre et les juges comme une entité unique. C’est un non dogmatique à la dichotomie grecque du corps et de l’âme, de la matière et de l’esprit.

A elle seule, l’âme ne suffit pas et le corps contribue lui aussi à l’identité de l’homme.

Donc rejet de la vision grecque la personnalité humaine… Disons aussi que pour les Grecs la Résurrection est une pure vue de l’esprit…

 

La résurrection, une expérience vécue :

Berachot 58b : si je ne revois pas un ami pendant 30 jours, je dis la bénédiction suivante en le rencontrant : Shé héhéyanou (qui nous a fait revivre, et après 12 mois : mehayyé ha-métim (résurrecteur des morts)

ET DANS CE CAS, IL FAUT COMPRENDRE NON PAS DES MORTS MAIS DES MORTELS. Ce qui change entièrement la perspective.

 

Dans la liturgie : omniprésence de l’idée de résurrection

 

Dans la prière matinale, il est question de celui qui restitue l’âme à des corps inanimés (ha-mahazir neshamot li fegarim métim.)

Une légende talmudique enseigne que durant notre sommeil nocturne nous sommes inanimés, comme morts. Et au lever D- nous a redonné vie… en nous rendant notre âme.

 

Intéressante dialectique entre MORTS ET MORTELS

 

Ce qui sert de réminiscence scripturaire à cette idée n’est autre qu’un verset du rouleau des Lamentations (3 ;23) : hadashim la-beqarim (Nouveaux ou renouvelés au matin)

Beréchit rabbi 78 ;1 : Rabbi Simon ben Abba : parce que tu nous renouvelles chaque matin, nous pouvons te faire confiance pour faire revivre les morts pour nous

 

UNE RÉSURRECTION SPIRITUALISÉE : LA THÉOPHANIE DU SINA

 

LE PROBLÈME DE LA RÉSURRECTION DES CORPS

C’est un phénomène plus complexe car il succède au passage dans le tombeau. Les Sages répondent que D- a pu créer l’univers et l’homme à partir du néant, a fortiori pourra-t-il le faire à partir d’une matière déjà existante, même à l’état inanimé…

Saadia Gaon (882-942) expliquait dans son Livre des croyances et des opinions (Sefer Emounot we-dé’ot) que même une personne, à moitié dévoré par un fauve pourrait ressusciter dans son intégrité première puisque D- a pu le créer à partir de rien. A fortiori à partir d’un corps même mutilé ou amputé…

 

LE RÉSURRECTION FACE À L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME :

Excellent passage métaphorique du traité Sanhédrin 91a-b (allégorie de l’aveugle et du cul de jatte) : symboles respectifs de l’âme qu’on ne voit pas et du corps qui ne peut pas bouger… Le juge suprême les met l’un sur l’autre et les juges comme une entité unique. C’est un non dogmatique à la dichotomie grecque du corps et de l’âme, de la matière et de l’esprit.

A elle seule, l’âme ne suffit pas et le corps contribue lui aussi à l’identité de l’homme.

Donc rejet de la vision grecque la personnalité humaine… Disons aussi que pour les Grecs la Résurrection est une pure vue de l’esprit…

 

La résurrection, une expérience vécue :

Berachot 58b : si je ne revois pas un ami pendant 30 jours, je dis la bénédiction suivante en le rencontrant : Shé héhéyanou (qui nous a fait revivre, et après 12 mois : mehayyé ha-métim (résurrecteur des morts)

ET DANS CE CAS, IL FAUT COMPRENDRE NON PAS DES MORTS MAIS DES MORTELS. Ce qui change entièrement la perspective.

 

Dans la liturgie : omniprésence de l’idée de résurrection

 

Dans la prière matinale, il est question de celui qui restitue l’âme à des corps inanimés (ha-mahazir neshamot li fegarim métim.)

Une légende talmudique enseigne que durant notre sommeil nocturne nous sommes inanimés, comme morts. Et au lever D- nous a redonné vie… en nous rendant notre âme.

 

Intéressante dialectique entre MORTS ET MORTELS

 

Ce qui sert de réminiscence scripturaire à cette idée n’est autre qu’un verset du rouleau des Lamentations (3 ;23) : hadashim la-beqarim (Nouveaux ou renouvelés au matin)

Beréchit rabbi 78 ;1 : Rabbi Simon ben Abba : parce que tu nous renouvelles chaque matin, nous pouvons te faire confiance pour faire revivre les morts pour nous

 

UNE RÉSURRECTION SPIRITUALISÉE : LA THÉOPHANIE DU SINAÏ

Shabbat 88b :

Ce passage talmudique relate que lors de la théophanie du Sinaï, l’âme des enfants d’Israël les quitta à chaque parole divine. D’où le verset du Cantique des Cantiques ( 5 ;6)= nafshi yats’a be-dabero (mon âme me quitta lorsqu’il parla (c’est la bien aimée qui parle de son bien aimé mais que le Talmud applique à D- lors de la théophanie) Mais l’âme des enfants d’Israël s’en revint en eux… C’est ainsi qu’ils purent entendre l’ensemble des dix Paroles. D- fit descendre sur eux une rosée, la même qui, plus tard, fera revivre les morts. Comme dit le Psaume 68 ;10 D-, en répandant une pluie généreuse, tu as rétabli ton héritage épuisé.

 

Le chapitre IX de la Michna Sanhédrin :

Tout Israël prend part au monde futur. Il est dit ( Is. 60 ;21) : Ton peuple entier est juste, ils hériteront de la terre pour toujours, plant de mes plantations, œuvre de mes mains dont je me glorifie.

ET VOICI CEUX QUI NE PRENDRONT PAS PART AU MONDE FUTIR CELUI QUI PRÉTEND QUE LA RÉSURRECTION N’EST PAS ANNONCÉE DANS LA TORA ET CELUI QUI DIT QUE LA TORA NE VIENT PAS DU CIEL . ET L’ÉPICURIEN. (Sanhédrin 90b)

 

 

LA RÉSURRECTION DANS LA LITURGIE

Cette notion y est omniprésente. Notamment dans la prière statutaire des Dix-huit bénédictions (ba’al gevourot : maître des bravoures) mehayyé ha-Métim

 

 

Dans la philosophie médiévale juive :

Relation dialectique entre la foi en la résurrection des corps et la croyance en l’immortalité de l’âme.

Maimonide, représentant juif de la philosophie d’Aristote, ne parle que de l’immortalité de l’âme (intellectuelle) dans son Guide des égarés.

Cible des attaques lors de controverses anti-maimonidiennes, ses disciples mirent en circulation un traité de la résurrection des morts (Maqala fi-tehiyyat ha-Métim pour le laver de tout soupçon d’impiété mais cette œuvre est apocryphe…

 

Les commentateurs maïmonidiens qui suivirent furent tous de tendance averroïste et renforcèrent donc le penchant vers les théories intellectualistes, délaissant la résurrection et réaffirmant l’immortalité de l’âme.

 

(Rappelons nous que disaient les Grecs lorsque les Apôtres eurent l’audace de leur parler de la Résurrection de J-C.)

 

Vers le XVe siècle, lorsque les juifs se virent contraints d’imiter leurs collègues qui résumaient tout le christianisme en quelques dogmes, certaines autorités orthodoxes inclurent dans cette systématique juive la notion de résurrection ou celle de la providence divine de la Tora.

 

En revanche, les kabbalistes, réputés pour leur tournure d’esprit anti-philosophique ont tous opté pour la Résurrection, sans toutefois, rejeter dans leur ensemble, la foi aussi en l’immortalité.

Passage amusant ou ironique du Zohar, la Bible de la kabbale : parlant de la résurrection des morts, l’auteur se demande gravement quelle femme va ressusciter avec quel mari dans le cas de couples divorcés…

 

Au XIXe siècle, qui vit l’avènement de la Réforme et du libéralisme au sein du judaïsme dans l’aire culturelle germanique, la liturgie subit une profonde réorganisation. On remplaça la prière pour la résurrection par une autre formule qui l’évince sans le dire vraiment : au lieu de dire mehayyé ha-métim (résurrecteur des morts) Abraham Geiger (ob. 1874) proposa dans son livre de prières la formule suivante : Born allen Lebens (Source de toute vie).

 

Perspectives :

Le judaïsme enseigne bien la résurrection des corps qui constitue dans la littérature talmudique une doctrine cardinale. Mais les contestations judéo-chrétiennes ont quelque peu rendu cette doctrine un peu difficile à manier. On voit bien que ce qui est en jeu, c’est la doctrine chrétienne de la résurrection de JC. Les Sages du Talmud répondent que le judaïsme parle toujours de la résurrection au pluriel et pratiquement jamais au singulier… Un passage du Talmud qui vise spécifiquement Jésus (sans le nommer) dit à peu près ceci : si quelqu’un vient te dire qu’il est D-, ne le crois pas…

 

On peut dire, en gros, que les maîtres du judaïsme ont, à travers les âges, balancé entre une croyance précise et concrète en la résurrection et une tendance œuvrant à sa spiritualisation. Par exemple les penseurs juifs du Moyen Age ont expliqué, dans le sillage de Maïmonide, que la doctrine de la résurrection s’adresse à la masse des incultes qui ne croient qu’en ce qui est corporel, tandis que les rares élites sont les seules à pouvoir se représenter une chose existante tout en étant immatérielle… D’où l’immortalité de l’âme

 

Rappelons aussi la phrase si décriée de Renan dans son célèbre ouvrage Une vie de Jésus : ressusciter c’est de continuer de vivre dans le cœur de ceux qui vous ont aimé…

 

 

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