Quel avenir pour la Syrie de l’après Bachar el Assad ?
Au fond, les tyrans ne sont pas toujours bien servis par leur progéniture. Le père du président syrien avait jadis tenu son peuple d’une main de fer, ne respectant rien, ni les hommes ni les lois, écrasant tout ce qui osait se mettre sur son chemin, infligeant aux puissances occidentales de terribles pertes au Liban, ce qui les conduisit à quitter ce pays avec armes et bagages, sans demander leur reste. Et le terrorisme international ! Ne reculant devant rien, Hafez el-Assad a réduit en cendre la ville de Gama avec son frère Rifaat el-Assad au motif qu’elle s’était soulevée contre son régime : environ 25000 morts sans que l’Occident ne lève le petit doigt.
Mais aujourd’hui, la situation n’est plus la même : on a parlé ici aussi, hier, de la décision de la Ligue arabe qui, sous l’influence du Qatar, a exclu la Syrie, et le roi Abdallah II de Jordanie a carrément conseillé à Bachar de quitter le pouvoir. Même le ministre des affaires étrangères Muallem, diplomate chevronné, n’en menait pas large hier à la télévision, en promettant une prochaine sortie de crise. Le phénomène de décomposition est venu du nombre croissant de déserteurs. L’armée syrienne est profondément divisée et ne veut pas tirer sur le peuple en révolte. Pire, des dizaines de morts sont recensés depuis hier car ce sont des forces armées qui s’affrontent désormais.
Ne minorons pas les dessous politiques : les pays arabes modérés en ont assez de ce régime qui introduit le danger iranien au Proche Orient et entrave tout règlement définitif avec Israël. Le monde arabo-musulman, confronté au printemps des peuples, ne peut pas se battre sur deux fronts ; l’un extérieur et l’autre niché en son propre sein , comme un vers dans le fruit. Le régime de Bachar ne sert plus à rien, ou pour parler comme les Américains, it has outlived its efficiency..
Non seulement Bachar va tomber et la Syrie va traverser des lendemains difficiles (menace de partition, de démembrement, de dépècement, car c’est une mosaïque) mais elle va entrainer dans sa chute les mouvements terroristes de la région qu’elle soutient. Et surtout, les USA vont avoir les mains libres pour s’expliquer avec l’Oran des Mollahs.
Les événements internationaux ont éclipsé une mystérieuse explosion, la seconde en moins d’un an, dans un dépôt de munitions des Pasdarans, le bras armé de la République islamique. Un important général y aurait perdu la vie ainsi qu’une vingtaine de ses subordonnés. Les rumeurs les plus folles aliment le mystère, sans oublier les nouvelles sur l’imminence d’une attaque US contre le régime des Mollahs. La chute de Bachar pourrait, dans les prochaines semaines offrir une fenêtre de tir aux Américains qui voient en cette république un grave danger.
Ce monde ne connaîtra-t-il jamais la paix ?