LE SANG COULE A NOUVEAU DANS L’EGYPTE DES GENERAUX
On a tressé des couronnes au printemps arabe et c’était juste de le faire : des peuples entiers secouaient victorieusement le joug de régimes dictatoriaux pour respirer enfin l’air de la liberté. Partout, on entendait svander le terme magique Hurriya (liberté). Et partout aussi le même refrain : al-cha’b yourid iskat al n iddam (le peuple exige la chute du régime).
Mais on avait oublié de préciser qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. Ce n’est pas bien que le sang coule en Egypte, mais les généraux allaient ils se laisser déposséder de leur pouvoir par des Frères musulmans, non acquis à la démocratie mais toujours prêts à tirer les marrons du feu si le processus démocratique leur permet d’accéder au pouvoir pour ne plus le lâcher .
Le problème dans ces pays est le suivant : une fois que les élections libres sont rétablies, le seul parti apte en tirer profit est toujours un parti extrémiste ou religieux (voyez le précédent tunisien !). Partant, il était prévisible que les généraux égyptiens dont la main mise sur l’économie du pays est indéniable, n’accepteront jamais d’être renvoyés dans leurs casernes ni de se retrouver devant des juridictions civiles afin de répondre de telle malversation ou telle autre.
Un peu de réalisme. Quelle prévision pour l’avenir ? A la suite de troubles qui ne manqueront pas de naître, les chefs de l’armée suspendront le processus et instaureront pour une durée indéterminée l’arrêt de l’évolution. En fait, ils siffleront la fin de la récréation.
Car, dans ces pays là, ce n’est pas la chute d’un homme qui résout tous les problèmes ( et D- sait qu’ils sont nombreux) c’est la mise sur pied d’un travail de fond qui réforme les mentalités. Et généralement, dans les meilleurs pays, cela prend 15 ou 20 ans.
Alors, comme on dit en arabe, al-sabr maftah al faradj : la patience est la clé du paradis.