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La Syrie et l’Irak au bord de la dislocation

La Syrie et l’Irak au bord de la dislocation

Nous étions déjà quelques uns à penser que l’évacuation de l’Irak par les troupes US était une erreur. L’insécurité règne et l’actuel Premier Ministre Nouri Al-Maliki qui s’est maintenu au pouvoir envers et contre tout au lieu de le partager, est en train de hâter le processus de dislocation de son pays, en exigeant qu’on lui livre un Vice-Président kurde, qu’il accuse, sans preuves, d’avoir commandité des assassinats. A quoi le principal intéressé rétorque, je cite, que «l’actuel Premier Ministre est un menteur et un dictateur, bien pire que Saddam Hussein».

Nos craintes n’ont pas tardé à se vérifier : il y a moins d’une heure, de violentes explosions secouent Bagdad et on déplore déjà plus de 10 morts et de nombreux blessés. Il est indéniable que ces explosions ont quelque chose à voir avec les menaces d’Al Maliki qui veut en finir avec ses opposants et n’hésite pas, pour cela, à recourir à tous les moyens à sa disparition. Je l’ai entendu hier sur Al-Djazira rappeler qu’il était le chef suprême des forces armées. Il faut lui rappeler aussi la fameuse phrase de Nikita Kroutchov : On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus…

La suite, hélas, est prévisible ; le danger de la partition menace, et l’Irak, si les USA ne reviennent pas remettre de l’ordre, va basculer dans le chaos, le pays va devenir une sorte d’Afghanistan bis. Il faut conjurer ce danger. L’actuel Premier Ministre, déjà boycotté par le bloc sunnite, ne tiendra pas longtemps car l’Iran est en train d’étendre son influence, aspirant secrètement à remplacer les USA sur les rives de l’Euphrate. C’est une illusion qui va coûter cher à M. Al-Maliki car les voisins immédiats de l’Irak ne l’accepteront jamais.

Sans même parler de la Syrie, où la répression aurait fait, ces dernières quarante huit heures près de 250 morts. Certes, le gouvernement de Bachar donne l’impression de plier mais il y a quelques jours, il s’est livré à une démonstration de force, une gesticulation militaire de grande ampleur, afin de montrer qu’il a encore les moyens de résister à une éventuelle intervention extérieure. Et tout récemment, une confrontation armée eut lieu entre son armée et des déserteurs qui furent littéralement pulvérisés…

J’ai bien l’impression que ce régime ira jusqu’au bout, sans égard pour les morts et les blessés. Il est assez scandaleux de voir que les Russes et les Chinois bloquent l’adoption de toute résolution condamnant un régime qui massacre son propre peuple. Et je crains que les Occidentaux soient prochainement conduits à intervenir sur place, directement ou indirectement, or la Syrie n’est pas la Libye et les dirigeants de Damas ont derrière eux une longue tradition de répression atroce. Peut-être faudrait-il leur faire parvenir des armes pour réduire le pouvoir des blindés et des hélicoptères de combat de Bachar.

Même si les dangers qui pèsent sur l’Irak et la Syrie sont similaires ( partition, sécession, guerre civile, chaos politique et désastre économique), les contextes politiques diffèrent : Bagdad a eu des élections libres ou presque, adopte un mode de vie politique proche de la démocratie, en dépit des penchants autocratiques de M. Al-Maliki, tandis que la Syrie voit son propre gouvernement organiser la répression sanglante contre son peuple… Mais rien ne dit que la situation ne s’envenimera pas brutalement à Bagdad où le maître actuel cherche à concentrer tous les pouvoirs. Réclamer la tête d’un Vice-Président, kurde de surcroît, pour le faire juger et probablement condamner, est une erreur grossière qui risque de coûter cher.

Décidément les choses dans cette région ne s’arrangent pas : le Hamas, le Hezbollah, l’Iran, la Syrie, l’Irak… Quand donc l’esprit de Dieu planera-t-il enfin sur place…

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