L’EURO PASSERA-T-IL L’HIVER ?
Je reviens sur cette question ici dans notre journal, mais j’ai rédigé une réponse à l’article de mon collègue munichois Ulrich Beck, paru dans le journal Le Monde du 27 décembre. Ma réponse paraître en exclusivité dans Le Monde.fr du 3 janvier 2012.
L’Euro est-il une monnaie d’avenir ? Nous a-t-il rendu des services ? Est-il viable ? A ces trois questions de fond, le non spécialiste que je suis, répond par l’affirmative. La seule erreur, et elle est de taille, fut, hélas, d’admettre au sein de la zone Euro des Etats manifestement impréparés et totalement inaptes à suivre le rythme.
Je ne voudrais pas être excessif mais je me souviens des propos (qui avaient fait scandale) d’un homme politique allemand, le défunt chef du parti libéral, le comte Otto von Lambsdorf, qui avait comparé les Italiens à des cueilleurs d’olives alors que ses compatriotes seraient, eux, de grands ingénieurs… Ce n’est pas entièrement faux, mais ce genre de déclarations compliquent les choses plus qu’elles ne les arrangent.
Dit en passant : la Suisse serait très bien inspirée à conserver son franc suisse, tout en resserrant ses liens économiques avec l’UE. Elle s’éviterait bien des désagréments, notamment le fait de payer pour les fautes (irréparables ?) des autres.
Que se passerait-il si l’Euro tombait ? Pour un pays comme la France ce serait catastrophique : les dévaluations se succéderaient, la facture énergétique serait insupportable, on reviendrait à une sorte de protectionnisme qui ne dirait pas son nom et le chômage, dû à l’inactivité économique, atteindrait des sommets. Ce qui nous fait redouter des troubles sociaux extrêmement graves, les Français n’étant pas habitués à se tirer d’affaire tout seul et attendant tout ou presque de l’Etat… La paix sociale disparaîtrait avec la disparition de l’Etat-providence.
Des dix-sept pays de la zone Euro, seuls l’Allemagne, l’Autriche, la Hollande, le Luxembourg se tireraient d’affaire sans grand dommage. Les pays du sud européen ne s’en remettraient pas, et vous savez lesquels, les fameux PIGS dont parlait Angela Merkel.
Comme je l’écrivais dans l’article à paraître le 3 janvier dans Le Monde, la chancelière fédérale a bien agi et a pris les bonnes décisions. Il ne sert à rien de reprocher aux Allemands leurs vertus de discipline, d’obéissance et de rigueur. Ce qui suscite l’inquiétude de certains observateurs d’outre-Rhin, c’est le réveil, au sein de la population, d’un nationalisme, aujourd’hui monétaire, mais, demain, pourrait virer vers d’autres horizons, plus inquiétants.
AU lieu d’instruire des procès imaginaires à l’Allemagne, il faudrait plutôt tenter de cultiver ces vertus de stabilité et de rigueur chez soi…