Nicolas Sarkozy va-t-il renverser la tendance après Villepinte ?
Sans aucun doute, la campagne présidentielle française a changé de tempo et de rythme : à Villepinte, Nicolas Sarkozy a évidemment marqué des points car il a su mobiliser des foules innombrables et pu donner à son affaire une impulsion nouvelle. Qui a toutes les chances d’être décisive. A l’évidence, le président était en grand forme et l’organisation matérielle du meeting était parfaite. Je ne crois pas que les auteurs candidats soient en mesure de présenter une telle machine de guerre.
Il faut dire un mot du contenu : on ne peut pas nier que le candidat-président prête le flanc à la critique quand il promet de faire ce qu’il n’a pu réaliser au cours des cinq années écoulées. A cette critique fondée, NS apporte une réponse incontestable ; personne n’avait prévu cette cascade de crises de toutes sortes qui se sont abattues sur l’Europe et sur le monde. Notre continent a été attaqué sur sa monnaie, son économie et son développement. Pouvait-on, par exemple, réaliser le fameux mot d’ordre, travailler plus pour gagner plus ?
NS a toujours dit qu’il voulait remettre la France au travail et voici que les gens qui veulent travailler ne trouvent pas de travail. NS a toujours voulu la prospérité du pays mais voici que l’argent se fait rare et que le chômage augmente dans des proportions insoutenables.
Il y a la pression des autres candidats qui critiquent les choix du gouvernement, ce qui a conduit NS à reprendre quelques idées de l’opposition, notamment l’immigration et le protectionnisme. Qu’on s’en félicite ou qu’on s’en lamente, les faits sont là : les Français ne veulent pas être envahis, ils veulent rester ce qu’ils sont et ne veulent plus accueillir des gens qui ne respectent pas leur socio-culture. C’est ainsi : on peut dissoudre une assemblée nationale, une assemblée du peuple, mais nul ne peut dissoudre le peuple. Cela donne parfois lieu à des dérapages, mais que peut-on faire lorsque certains partis surfent avec succès sur de tels thèmes ?
Quant au protectionnisme, il n’existe pas d’autre moyen de défendre les travailleurs français soumis à une concurrence avec des pays qui n’assurent aucune protection sociale à leurs main d’œuvre. Comment faire pour résister décisivement à des ateliers chinois qui travaillent comme on le faisait du temps de Charles Dickens ?
Il semble bien que NS ait réussi à ajuster ses choix et à cibler un peu mieux les désirs des Français. A moins que tout ne trompe, il va gagner quelques points. Mais attendons pour voir. Et si ce n’est pas le cas, alors NS aura quelques motifs d’inquiétude…