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sur les bords de la mer morte

Au bord de la mer morte…

M.H. s’assoit vers 22 heures, heure israélienne, sur le balcon de sa chambre d’hôtel au Crown Plazza, un bel établissement qui eut jadis son heure de gloire mais qui présente toujours un avantage incomparable, celui d’avoir les pieds dans l’eau. Les résidents de l’hôtel, pour la plupart des curistes stipendiés par la sécurité sociale (Bittouyah Léoumi), arrivent par bus entiers pour soigner qui leurs rhumatismes qui leurs maladies de peau. C’est que les ménaux de la mer morte, une mer gorgée de seil, sont tels que vous flottez sur place, même en lisant votre journal.

A 22 heures, la nuit est déjà bien là, M.H. est assis dans l’obscurité, un beau cigarre acheté à Genève chez D- aux lèvres et un verre de thé à la menthe à portée de la main. Il médite en contemplant de l’autre côté de cette mer morte la cité jordanienne dont il perçoit bien les lumières… Une cité frontalière voisine, toute proche et pourtant si éloignée au pointain de devenir très lointaine : des décennies de haine, de rejet et de guerre qui donnent enfin lieu à une accalmie.

C’est exactement ce que se disait secrètement M.H/ en tirant voluptueusement sur son cigare dont les volutes de fumée ne gênaient personne puisqu’il avait pris soin de fermer hermétiquement la porte coulissante du balcon. Tout était calme, il faisait au moins trente cinq degrés, mais c’était une chaleur sèche, pas étouffante du tout. M.M. commençait à se dire que cette terre, ce monde, n’étaient pas si mal que cela, qu’il fait bon vivre parfois, lorsque vous fixez le ciel et les éroiles sans personne pour vous déranger ni vous troubler.

Que pouvait-il bien se passer de l’autre côté de la mer morte ? Peut-être qu’un Jordanien, philosophe lui aussi, le srcutait de chez lui en se posant les mêmes questions.. Soudain, M.M. pensait à ce doctorant jordanien qui a fait une thèse sur la prophétologie de Maimonide et qui s’est inscrit à l’université d’Aix en Provence. Ayant consulté les bibliographies, il avait demandé que M.H. figurât à son jury. M.R. avait accepté et la soiutenance avait été fixée pour le 22 juin à Aix en Provence..C’était la première fois que M.H recevait un colis depuis Amman par DHL : la thèse du candidat, rédigée dans un très bon français.

M.H. se réjouissait en son for intérieur. Non point qu’il aimât les jurys de thèse, il était pour leur suppression comme c’est le cas en Allemagne où la thèse et les rapports de deux rapporteurs étaient consultables durant 4 semaines. S’il n y avait pas de critiques, l’affaire était bouclée. Mais les pesanteurs étaient telles que..

Mais il en faudrait bien plus pour gâcher la bonne humeur de M.H. qui savourait la douceur de cet air du soir.

C’est alors que l’imprévu se produisit : soudain du côté sud de l’hôtel, débouchèrent deux chasseurs de l’armée de l’air d’Israël qui se livraient à des exercices de nuits dans un vacarme assourdissant. M.H. prit peur et faillit se lever et rejoindre l’intérieur de la chambre. Il n’eut pas le temps de se remettre de ses émotions que la petite escadrille de chasseurs revint, et cette fois en rase-mottes. UN bruit assourdissant, incroyablement apeurant.

En fait, la sécurité terrestre et aérienne du pays est assure jour et nuit . Les pilotes de chasse, fleuron de Tsahal, s’entraîne même de nuit pour empêcher tout viol de l’espace aérien. Pourquoi ? Parce qu’ils redoutent depuis toujours une opération du style attaque des tours jumelles..

L’humeur maussade, M.H. mit du temps à se remettre de ses émotions. La vie étant ce qu’elle est, c’est-à-dire un puzzle défiant toute construction intellectuelle, il tenta de se coucher et de faire comme si de rien n’était.

Dehors, le ciel étoilé semblait imperturbable après le passage de ces monstres de vélocité et de terreur, un peu comme si les astres de la nuit se disaient, souriez, ils ne nous font pas peur ! Même s’ils revenaient demain matin dès les premières lueurs de l’aube.

Ce qu’ils firent assurément.

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