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Le concert du 2 juin dans l’église Saint-Sauveur de Beaumont en Auge

Le concert du 2 juin dans l’église Saint-Sauveur de Beaumont en Auge

Connaissez vous ce magnifique petit village de Beaumont en Auge, situé à moins de dix kilomètres de Deauville et à deux heures de voiture de Paris ? Il possède une belle église dont les fondements remontent au XIe siècle et l’achèvement, peu ou prou, se situe au beau milieu du XVe. Le style architectural, aujourd’hui très dépouillé et néanmoins gracieux, est un mélange réussi d’art gothique et roman.  Au cours du XIIIe siècle un pan entier de ce bâtiment s’était effondré et fut reconstruit à l’identique par les moines qui y avaient établi un important prieuré. Beaumont a aussi une autre raison d’être à l’honneur, le physicien Laplace y naquit et sa statue trône sur la place de l’église.

Monsieur Allenbach, le sympathique Président de l’association qui œuvre puissamment à la restauration de l’église et à la propagation d’une meilleure connaissance et fréquentation de ce beau village normand, m’a expliqué hier soir, peu avant le début de ce superbe concert, que même les vitraux, endommagés durant la guerre en raison de bombardements, ont été reproduits à l’identique vers 1950, grâce à la découverte d’anciens plans conservés par la famille de l’artiste.
Quelle marque providentielle !

Hier soir donc, le samedi 2 juin vers 20 heures,  l’Ensemble musique et patrimoine, un sympathique et très talentueux groupe anglais s’est produit devant une assistance plutôt nombreuse et très attentive. On a commencé par Bach et Haendel pour finir avec Mozart et Rameau en passant par Grétry. Ce fut un moment hors du temps, je comprenais mieux, en écoutant les yeux fermés, pour quelle raison Dieu a décidé de faire de l’ouie le medium de la Révélation au lieu, par exemple, de la vue. Dans la hiérarchie des sens, l’ouie est considérée comme l’organe le moins matériel, le plus pur.

La soprano Armanda Ballard a récolté un tonnerre d’applaudissements  à chacune de ses interventions. Il m’est impossible de citer les huit membres de l’ensemble, mais sachez bien qu’ils furent tous parfaits sous la conduite de leur excellent d’orchestre le Dr Graham Howard Bould. La musique apaise l’âme : souvenez vous que les livres de Samuel nous apprennent que le roi Saül soignait ses crises de démence par les sons de la harpe du berger David. Cela ne date pas d’hier ni d’avant-hier. Et une vieille tradition nous apprend que les bergers, menant paître leur troupeau, occuper leur temps à fabriquer des flûtes, ce qui charmait même leur cheptel…

Au fond, la soirée d’hier fut une belle soirée franco-britannique dans cette Normandie que nos alliés d’outre-Manche ont libéré de l’occupation nazie en versant leur sang.
La musique ressemble à la poésie ou à l’art plastique, elle se savoure les yeux fermés et ne requiert pas d’explication conceptuelle. Kant lui-même avait essayé de définir à quelles facultés de l’âme elle fait appel : les facultés supérieures ou, au contraire, inférieures ? Avec l’aide de Moïse Mendelssohn, le grand père de Félix Mendelssohn-Bartholdi, il adopta la notion de faculté d’assentiment (Billigungsvermögen) qui se situe à une équidistance de ces deux domaines de notre âme.

La France ne serait pas ce qu’elle est sans ses églises et ses abbayes, et celui qui le dit ne les fréquente guère au plan religieux. Mais elles revêtent une importance culturelle indiscutable que l’Association pour la sauvegarde de l’église Saint-Sauveur  de Beaumont tente, avec succès, de préserver sous l’aimable férule de son dévoué Président M. Allenbach.

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