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L’après-Moubarak

L’après-Moubarak

 

Au fond, c’est un assez bon verdict que le tribunal du Caire, chargé de juger le président Hosni Moubarak, a rendu, en acquittant la plupart des hauts responsables sécuritaires et en condamnant à la prison à vie l’ancien raïs. Il fallait à tout prix éviter une condamnation à mort qui aurait entaché cette révolution qui n’en finit pas. Certes, l’armée qui joue finement a permis au parquet du Caire de faire appel de ce jugement afin de désamorcer la colère qui pouvait relancer les débordements de la révolution.

Mais au fond, que faut-il en penser ?

Chaque révolution, chaque soulèvement a un prix : les anciens opprimés, les humiliés, les laissés pour compte se réveillent et nourrissent une haine inexpiable à l’égard de leurs anciens tortionnaires. C’est ce qui me frappe le plus quand je vois les télévisions arabes, les gens simples se plaignant d’avoir perdu près de trente ans de leur vie (en Egypte) et plus de quarante (en Syrie). C’est donc l’expression d’un ressentiment qui n’en finit pas. Et les anciens gouvernants, jadis omnipotents et intouchables, sont jetés en pâture à une populace qui rêve de se venger d’eux et de les humilier. Est-ce bien cela la justice ? J’en doute.

Le président Hosni Moubarak n’a pas été un mauvais président même si sa gouvernance reflète les défauts et les manquements inhérents à de tels régimes dans l’écrasante majorité des pays arabo-musulmans. Il a su garantir à son pays la paix, l’aide américaine, il a donné à l’Egypte une certains honorabilité en redevenant l’interlocuteur privilégié de l’Occident et des USA . Son bilan global est loin d’être négligeable. Face à cela, il n’a pas su tirer la population égyptienne de la misère, a favorisé les affairistes et laissé à l’armée sa position de status in statu qui fait d’elle le premier facteur économique du pays. Tout le monde connaît la blague suivante : quel est le point commun entre un téléviseur, une voiture et une chemise en Egypte : tous les trois sont fabriqués dans un atelier dépendant de l’armée…

Et c’est justement de cette armée que tout va dépendre, notamment l’avenir de tout le pays. Et même dans les tout premiers prochains jours. Cette armée ne permettra jamais que son ancien chef, celui auquel elle doit tout, sa balance au bout d’une corde. Elle va donc jouer les prolongations, d’appels en recours, de mise en scènes à des rebondissements, au point de lasser et de faire oublier le cas Moubarak.

Il ne faut pas perdre de vue que, comme par miracle, le dernier premier ministre du président Moubarak est au deuxième tour de l’élection présidentielle, ce qui relève du miracle ! Il ne m’ étonnerait pas que ce soit lui, Chafiq, qui l’emporte, suscitant la colère des islamistes. Car comment l’armée, rempart du pays tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, s’accommode d’un président islamiste qui commencerait par l’affaiblir en démantelant ses structures. Enfin, ce parti islamiste ne possède pas les cadres qu’il faut pour gouverner le pays.

En fait, c’est la boîte de Pandore qui s’est ouverte en Egypte. Pauvre pays ! La Syrie ne va guère mieux, la Libye se débat dans la guerre des milices, le Liban est contaminé, le Yémen se déchire et la Tunisie rumine ses frustrations en se découvrant bien démunie et vulnérable.

Madame Angela Merkel devrait leur apprendre à tous ce que les Allemands ont de meilleur : le principe de réalité (das Realitätsprinzip).

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