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Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, Passés / Composés 2025 (Réédition)

Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, Passés / Composés 2025 (Réédition)

Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, Passés / Composés 2025 (Réédition)

 

Nombreux sont les historiens qui déplorent le peu de matière consternant cette période de la v ci de Staline, alors que nous savons presque tout sur Hitler jeune. Avec le présent ouvrage d’une remarquable densité, cette lacune est comblée. Sur plusieurs centaines de pages, on apprend même ce que le principal intéressé a tenté de cacher à la postérité, notamment en ce qui concerne son intimité, d’éventuels demi-frères ou épouses, enfants naturels etc...

 

Le livre s’ouvre sur la description d’un attentat meurtrier contre un fourgon de banque au cours duquel Staline aurait joué un rôle majeur. Il en serait même le principal planificateur ; l s’agissait de trouver de l’argent pour financer la Révolution. La description de l’attentat est assez directe, même si certains contestent la part prise par l’homme qui s’appellera Staline à partir d’octobre 17... C’est le futur «petit père des peuples» qui aurait lancé les grenades sous le véhicule hippomobile provoquant une énorme explosion. Mais d’autres soutiennent que Staline se serait contenté de fumer une cigarette sur le trottoir d’en face...

 

En tout état de cause, on constitue en lisant  ce livre un Staline contrasté :  sobrement vêtu, entouré de camarades d’enfance, sacrifiant à la nostalgie et à l’amitié, et parallèlement un dictateur signant  la condamnation à mort  d’hommes qui ont osé s’opposer à lui... En gros, un dictateur terrifiant réglant tous les problèmes par la mise à mort des opposants.  Certains exilés se méfièrent  même après que Staline leur eut fait savoir  qu’il n’avaient plus rien à craindre s’ils revenaient en Russie. On sait ce qui est arrivé à Trotski, malgré son lointain exil où les assassins stipendiés par Staline surent le retrouver et le réduire au silence à tout jamais .

 

On suit Staline sans sa datcha au bord de la Mer noire, puissamment gardée  par les hommes du NKWD, il reçoit à dîner ses camarades révolutionnaires leur servant des boissons fortes géorgiennes  et se montrant sensible à l’évocation du passé commun. En parcourant ces pages, j’ai pensé à Hannah Arendt et à la banalité du mal. Après tout, même ce dictateur sanguinaire ressemble à un simple individu, un homme comme tous les autres. Staline est responsable, directement ou indirectement de la mort de millions de gens. Et quand on lit  ses lettres à sa famille, ses discussions avec son encourage ,on ne relève rien qui sorte de l’ordinaire.

 

On ne peut pas dire que Staline fut vraiment un individu ordinaire, surtout quand on pense à la terreur qui saisissait même ses collaborateurs les plus proche. Exemple : lorsqu’on constata son décès en 1953, les présents n’osaient pas y croire et craignaient une macabre mise en scène du dictateur pour démasquer d’éventuels ennemis...

 

Voici une citation que je tire d’un passage parlant des origines de Staline qui aurait dit que son père véritable était un prêtre :

 

Staline, écolier,   comme le Politicien qu’il deviendrait, était un fatras de contradictions... Soisson  était le meilleur mais aussi la plus terrible des élèves (au séminaire). Son enfance était déjà une victoire remportée sur l’infortune, mais alors qu’il brillait dans ses études, il dut, de nouveau, affronter une suite de coups terribles qui manquèrent le détruire.

 

On aura à faire à un caractère bien trempé. Même la fréquentation du séminaire ne résistera pas à l’adhésion aux idées révolutionnaires. Staline a dit un jour, en substance que s’il n y avait pas eu Lénine, il serai resté enfant de chœur et séminariste.

 

Quelle vie, et de depuis les origines. Visiblement les fées ne s’étaient pas penchées que son berceau. Issu d’un milieu très modeste, son père ou grana père était cordonnier, mais lui-même disait parfois que son géniteur était un prêtre du voisinage.. On peut parler d’un changement radical qui mena le jeune Josef Staline du séminaire à la violence révolutionnaire. C’est là un changement  décisif. Le jeune Staline sera vite repéré par la police tsariste et par l’Okhjana. Et pourtant, l’hypothèse a été émise d’un Staline à la solde de la police, une sorte d’agent-double... L’auteur souligne que le NKWD a mené très loin ses investigations sur ce point, mais aucun élément décisif n’a pu étayer cette thèse. Il est possible que des adverses internes au parti révolutionnaire aient cherché à nuire au futur dictateur, suite à des rivalités internes, un tel homme n’a pas que des amis. On peut rappeler que l’ épouse de Lénine en personne  s’est plainte auprès de son mari d’avoir été maltraitée par Staline...

 

Staline a dû passer à la clandestinité, changer d’identités maintes fois, procéder à des changements avec un autre détenu  afin de brouiller les pistes... Il avait très bien intégré les modes d’action des terroristes ou des personnes recherchée pour menées  révolutionnaires. Par exemple, lors d’un projet de visite à Londres, Staline et Lénine ont voyagé séparément afin de ne pas être tous deux arrêtés en cas de contrôle imprévu. Je rappelle qu’à partir du mois d’aout, Staline s’était rapproché du parti social-démocrate qui deviendra par la suite le parti des Bolcheviks.

 

Une question se pose : pouvait on deviner en scrutant les premières années, celles de la jeunesse, que cet ancien séminariste, et poète  à ses heures, allait se muer en homme sans cœur  ou doté d’un cœur de pierre ?Un homme qui a signé tant d’ordres d’exécutions concernant des compagnons d’armes ? Dans ses poèmes qui ne sont, certes, pas de la valeur de Baudelaire, il évoque le gai rossignol, les roses écloses, etc...

 

Lorsqu’il sort de l’ombre pour conquérir le pouvoir et écarter quiconque se me en travers de sa route, on a affaire à un esprit froid et calculateur. Progressivement, il sort de l’ombre et d’autoproclame l’héritier de Lénine en personne. Et ceux qui ont essayé  de s’opposer à lui ont mal fini. Cela posé, je me demande comment un seul homme a pu régner sans partage sur un immense territoire qu’était le URSS. Même lorsqu’il a conduit au poteau d’exécution la fine fleur de l’Armée rouge, il n’ y eut pas de résistance ou d’opposition. Et ce terrible personnage  est mort dans son lit...

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