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Les leçons d’un scrutin.

Les leçons d’un scrutin.

La gauche l’a incontestablement emporté. Les deux concepteurs ou inventeurs de cette victoire presque éclatante sont assurément le président de la république et son premier ministre. Il suffit de comparer leur style à celui du président défait pour s’en convaincre : pas de tintamarre médiatique, pas d’envahissement des écrans de télévision, pas de narcissisme étouffant les autres, mais, au contraire, un silence assourdissant, mais bien pensé et contrôlé de la part du nouveau couple de l’exécutif, autant de qualités qui ont cruellement fait défaut à l’ancien locataire de l’Elysée qui n’écoutait que lui-même, n’en faisait qu’à sa tête et était, comme l’aurait dit le regretté Raymonde Barre, «frappé d’incontinence médiatique». Au vu des résultats déjà connus, et qui seront amplifiés par le second tour, bipolarisation oblige, l’ancien président aura tout le temps qu’il faut pour méditer sur les causes de son échec.

 

Au plan général, le PS s’en sort très bien puisqu’il aura certainement la majorité à lui seul, ou à quelques unités près, se dégageant ainsi de l’emprise étouffante du front de gauche qui menaçait de lui forcer la main et réduisant au strict minimum les ambitions des verts et de leur tête de file qui réclamait rien moins que la légalisation du cannabis, une mesure que la prudence empêchera le président de la République de prendre… François Hollande a eu tout le temps de méditer sur l’essence politique profonde de la France : il sait que ceux là mêmes qui l’adulent aujourd’hui furent, il y a deux ans ou moins, de chauds partisans de son adversaire. Les Français sont assez imprévisibles et le président a sûrement entendu parler de la loi des deux ans…

 

En conclusion, le gouvernement actuel avec à sa tête le premier ministre Jean-Marc Ayrault, pourra appliquer sa politique, sans crainte ni opposition véritable, et surtout sans risque de zizanie dans son propre camp. Ce qui nous conduit à voir les résultats plus en détail et sur un plan individuel.

 

Passons en revue le sort de quelques têtes d’affiche : le premier à mordre la poussière et avoir tout perdu n’est autre que Jean-Luc Mélenchon. Grisé par ses fugaces faveurs médiatiques, ayant perdu la tête depuis ses rassemblements apparemment gigantesques à la Bastille et à Toulouse, il est sévèrement distancé par son ennemie jurée Marine Le Pen et a dû presque piteusement reconnaître sa défaite sur un ton pathétique. Même le parti communiste auquel il a servi de bouée de sauvetage va revoir son attitude à son égard. M. Mélenchon a eu tort d’adopter son ton offensif et arrogant, cette brutalité envers les journalistes et tous se adversaires. Et surtout, il a cru que le PS le laisserait constituer une menace pour sa majorité parlementaire.

 

En fait, toute la subtilité de l’analyse politique de François Hollande a consisté à ne pas heurter frontalement des alliés encombrants tout en contrôlant leur montée en puissance.

 

Marine Le Pen a incontestablement marqué des points, et en tout premier lieu, contre son adversaire à Hénin-Beaumont. Sera-t-elle élue ? Ce n’est pas à exclure, surtout si certains à l’UMP venaient à traverser le Rubicon ou le Jourdain…

 

Deux autres cas, fort dissemblables mais assez intéressants, se présentent à nous, François Bayrou et Ségolène Royal. Le premier va probablement disparaître de la vie politique nationale, dès la semaine prochaine. C’est un peu regrettable mais c’était prévisible, l’homme a désarçonné ses amis et ses partisans en votant pour François Hollande. Certes, il a fait preuve de sagesse et de prévoyance politiques, mais cela n’a pas été compris par ses électeurs qui lui en font payer le prix aujourd’hui. Il y a chez François Bayrou qui est un homme intelligent une sorte de vision mystique, d’élan de l’âme, qui peuvent se révéler catastrophique dans la vie politique. En politique, il n y a pas de place pour un Maître Eckhard ni un François d’Assise…

 

Reste le cas de Ségolène Royal qui est vraiment menacée à La Rochelle. Voici une femme politique qui a fait ses preuves contre l’ancien chef de l’Etat, qui avait envoyé au tapas des poids lourds comme DSK et Laurent Fabius, mais qui est menacée, de l’intérieur, par une candidature dissidente. Aurai –je la cruauté d’insinuer que certains aux PS ne seraient pas marris qu’on lui fît une mauvaise manière, ce qui libérerait la présidence de l’assemblée nationale ? Ce serait effectivement triste de voir cette femme dynamique et encore jeune ne pas intégrer l’assemblée nationale. Gageons que le père de ses enfants saura se saisir de son téléphone et trouver les bons arguments pour convaincre un «camarade» récalcitrant…

 

Au terme de cet article, je m’interroge sur ce que la politique peut apporter à la philosophie et ce que cette dernière peut vraiment en attendre. Les élections gagnées, cela tient à si peu de choses. La politique est l’art de l’instantané, du fugace, la philosophie est lancée depuis des temps immémoriaux dans la recherche du vrai. Mais quelles sont les relations entre la politique et la vérité ? La première des conditions est de tenir ses promesses, et la seconde de dire la vérité sur l’état du pays.

 

Gageons que François Hollande et Jean-Marc Ayrault voudront le faire. En tout état de cause, nous l’espérons pour la France et pour l’Europe.

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