Les Français, saturés de politique…
C’est un fait absolument indiscutable : il y a en France une cascade d’élections, au point que l’on envisage de réunir en une seule journée plusieurs types de vote (législatives, municipales et présidentielles). Il faut dire aussi que les institutions de la Ve république ont fait de l’élection présidentielle la clef de voûte des institutions, rendant secondaires toutes les autres consultations électorales.
C’est la seule façon d’expliquer le caractère atone des élections législatives qui débutent ce dimanche. Résumons la situation : il y eut les primaires socialistes qui sont loin d’avoir été un échec. Ensuite, il y eut l’élection présidentielle proprement dite avec une campagne fracassante au point que les Français n’attendaient plus qu’une chose : c’est que tout cela s’arrête… Et voici que moins de trois semaines après cette élection majeure, on redemande aux Français de se mobiliser et d’aller voter…
Or, une telle proximité temporelle ne peut que favoriser le parti qui a emporté la présidentielle : en d’autres termes, ce qui va se passer ne peut qu’être une confirmation du premier vote. Comment les Français pourraient-ils se déjuger en moins de trois semaines ? Viendraient ils à désavouer un président qu’ils viennent d’élire, en envoyant à l’assemblée une majorité qui le gênerait dans ses choix ? C’est peu probable…
On s’étonnera après cela de voir s’accentuer la dépréciation du parlement dont le rôle devient vraiment secondaire puisque seule compte l’élection présidentielle. En fait, il faudrait instiller une certaine dose de proportionnelle afin de donner des couleurs au parlement. Si l’assemblée reflète réellement les forces en présence au sein de la société, le parlement est mieux à même de contrôler le gouvernement alors que la bipolarisation escamoté cette mission.
Si le général de Gaulle a donné à la France un tel régime par la constitution de 1958, c’était pour mettre fin à l’instabilité gouvernementale. Après tant d’années, plus d’un demi siècle, il n’est pas exclu de revoir certains articles de la Constitution dans un esprit plus parlementariste. Mais retomber dans les excès de jadis : les Français doivent faire preuve de maturité politique.