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Uen semaine à Eilat en Israël

Une semaine en Israël, à Eilat, au jour le jour…

 

L’arrivée à Eilat…

Comme d’habitude il ne y a que des vols charter pour le vol direct de Paris à Eilat. Et ce genre de vols démarre à 8h30, ce qui signifie que l’on doit se lever à 4 heures du matin afin de passer la douane, la fouille et toutes les vérifications nécessaires pour pénétrer en Israël. En plus, c’est à Roissy 3, ce n’est pas la porte à côté. Mais une fois bien calé dans son fauteuil si serré et si réduit, on dort sans demander son reste. Arrivé à Eilat, c’est un soleil éclatant qui nous accueille avec tout de même un vent assez fort, mais l’horizon est d’une telle pureté que l’on se croit dans un autre monde.

L’arrivée à Eilat signifie que l’on se pose dans l’aéroport militaire d’Ouvda à 55 minutes en bus du centre de la ville. Tout le long du trajet, les barrières séparant Israël du territoire égyptien sont à un jet de pierres. Les tours de guet de des deux côtés se font face. J’avoue que j’avais quelques appréhensions en raison des récentes attaques de gens de Gaza qui ont rallié cette frontière et du côté égyptien ont tué 8 Israéliens au moins.  Il est vrai que Tsahal les a ensuite poursuivis et neutralisés jusqu’au dernier…

Le Herods est un immense complexe hôtelier de très grande qualité. Il est immense et fait partie des plus beaux hôtels d’Israël. Comme par enchantement, il n y avait pas de file d’attente à la réception, les chambres étaient prêtes, on s’installe et on décide prendre le repas du soir à l’hôtel.

Imaginez un mois de décembre le soir, il est 20 heures (19 à Paris) et vous pouvez vous promener en chemisette…

 

La salle de sport au Herods…

Toutes les machines sont équipées de télévision, ce qui m’a permis à la fois de reposer ma tête de toutes ces lectures spécialisées et de me tenir informé de la réalité israélienne. Le coach est un juif de Budapest, je lui demande de me brancher sur une chaîne arabe (Al-Jazeera ou Al-Arabiya), il s’étonne et me demande si je suis juif… Je lui explique mon statut et mon intérêt, notamment informer nos internautes en prime time de ce qui se passe, en le prenant de ces mêmes télévisions… Il est dubitatif, il me fallut des visites systématiques bi voire tri quotidiennes pour regagner sa confiance. Je reviendrai infra sur la question arabe en Israël.

 

Les grands débats…

J’ai passé des heures dans cette salle de sports à regarder la télé tout en m’entraînant. Je voudrais parler ici de quelques débats que j’ai suivis, ceux qui m’ont paru les plus importants :

a)     la mauvaise scolarisation des enfants de Bédouins en Israël : une journaliste particulièrement pugnace interroge les parents des élèves décrocheurs qui, pour certains, ne savent toujours pas, au bout de neuf années d’école, ni lire ni écrire, et ne comprennent pas un mot d’hébreu. Interrogés, les enseignants se retranchent derrières les problèmes familiaux, la pauvreté endémique, le désir des parents de faire travailler leurs enfants qui font office de berger ou de livreur ou autres. C’est un grave problème : les Arabes israéliens qui s’occupent de telles écoles font leur travail avec conscience en hébreu, et en donnant aussi des cours de langue arabe. Mais la question arabe reste posée

b)    les élections à la Knesét : j’ai suivi une confrontation, je ne dis pas un débat tant la haine était palpable entre Tsippy Livni et un jeune leader d’extrême droite qui a le vent en poupe, Naftali Bennett. Vous imaginez ce qu’ils se sont dits. Le jeune leader veut camper à la droite de la droite de Benjamin Netanyahou alors que Me Livni (qui n’a aucune chance, selon moi) veut changer de politique. Comparées à ce qui se passe dans ce pays, les débats en Europe ressemblent à une guerre des boutons.

c)     Discussion autour de rabbi Nahman de Braslaw : cinq femmes, dont deux très religieuses, ont parlé de ce que ce grand Hassid du XIXe siècle représentait pour elles. Comme je prépare un cycle de conférences sur Martin Buber, j’ai bien apprécié ce que ces dames disaient. Cela m’a changé de ce  que j’avait suivi précédemment.

 

Ahmed Tibi en conférence à l’Université de Bar-Ilan……

Il s’agit de l’un des onze députés arabes siégeant à la Knését et qui a l’habitude de ne pas mâcher ses mots. Des étudiants, en mal d’émotions rares, l’ont invité à prendre la parole dans le campus. Le député n’a pu se retenir et a dit que les soldats de Tsahal tuent des enfants ! Vous devinez la suite, il fallut l’évacuer et lors de son départ, il semble qu’un étudiant se soit permis un geste déplacé à son égard. La police israélienne, réputée pour son activisme, a ouvert une enquête contre l’étudiant présumé fautif. Mais il semble aussi que la Knését envisage des mesures contre le député arabe qui est censé représenter toute la nation et pas seulement ceux qui l’ont élu. Or, ses déclarations sont attentatoires à l’honneur de l’armée du pays dont il est le député… La question se pose avec une acuité particulière en Israël. Lors d’un autre débat télévise’ en arabe cette fois, deux personnes, citoyennes d’Israël et de religion arabo-musulmane, veulent détacher la question de la citoyenneté de celle de la nationalité. Il s’agit d’avoir les mêmes droits que les juifs sans faire allégeance à l’Etat sioniste d’Israël… C’est un peu la quadrature du cercle et cela donne à certains Israéliens des idées……

 

Le jeune homme à la kippa au restaurant le Ranch

Je suis souvent ému par ce retour de religiosité des jeunes venus se ressourcer en Israël. Ils mettent un point d’honneur à manger tête couverte, cacher bien évidemment et récitent les bénédictions d’usage. Ce samedi soir là, je dîne seul car mon épouse et nos filles sont allées faire des emplettes sur la promenade (Tayélét). Je n’avais pas réservé mais l’une des responsables me reconnaît et m’installe, en face de ce jeune couple. J’observe et j’écoute : le jeune homme a à cœur de s’exprimer dans la langue de ses lointains ancêtres pour commander son repas… Evidemment, son hébreu est un hébreu de cuisine, mais je suis ému et m’interroge alors sur la transmission de la tradition, de l’histoire et de la langue : quand vous savez que le roi David a vécu entre 1040 et 970 avant notre ère et son fils Salomon est mort en -931… Plus de trois mille ans !

Il est vrai que ce peuple est le peuple de la mémoire.

 

Vendredi soir, c’est l’entrée du sabbat…

Laura veut procéder à l’allumage des bougies vers 16h30. Je m’exécute donc. Ensuite nous allons dans les sous sols de hôtel pour assister à l’office religieux. Nous sommes les premiers. Petit à petit, les hommes arrivent et il faut un quorum de dix hommes âgés de treize ans révolus pour réciter la sanctification du Nom divin. Voyant que personne ne bouge, je prends les choses en main et me mets à réciter les prières préliminaires ; miracle, nous sommes plus de dix et l’assistance m’invite à poursuivre sur ma lancée. J’hésite, mais je vois qu’il n y a pas de rabbins. Et voilà comment j’ai lu tout le Cantique des Cantiques, la prière du soir. Etc…

J’ai alors une pensée émue pour pauvre (ZaL) : sans lui, je n’aurais jamais appris toutes ces prières par cœur et quand j’ai rédigé mon Que sais-Je ? intitulé La liturgie juive, son souvenir obsédait mes pensées.

Mes compagnons ont voulu me réquisitionner pour la prière du matin, j’ai poliment mais fermement décliné l’invitation car je voulais aller au sport et à la plage.

 

Dîner du sabbat au Laurence, salle à manger du Vitalis

Splendide, calme, raffiné, une exception en Israël où tous ont le verbe haut. Nous rencontrons une famille de juifs vivant à Vienne. Nous parlons ensemble et partageons le café et les gâteaux. Raymonde vient nous rejoindre. Laura et Clara Lise sont aux anges. Nos amis vivent à Vienne, le mari y est né et œuvre dans la finance tandis que sa femme est une israélienne. Leur fille est charmant et est née à Vienne. Nous échangeons nos mails et nos numéros de téléphone. Il faut bien comprendre que les juifs du monde entier se retrouvent dans ce pays que des voisins malveillants leur contestent au motif qu’il ne serait pas le leur…

 

Le retour à Paris et à Genève

Nous reprenons la route d’Ouvda pour rentrer en Europe. Il fait beau. Comme toujours dans cet aéroport militaire, les contrôles sont très serrés. Le vol est très bruyant, tant il y a d’enfants en bas âge dont leurs parents ne s’occupent guère

 

Maurice-Ruben HAYOUN

Pour La Tribune de Genève du 7 janvier 2013

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