L’affaire Gérard Depardieu a-t-elle été bien gérée ?
L’affaire, entre guillemets Gérard Depardieu, aurait pu être bien mieux gérée si on l’avait laissée au sein des proportions initiales qu’elle n’aurait jamais dû dépasser. Il s’agit de l’un des acteurs les plus connus, les plus talentueux et les mieux payés de France. Certes, comme le dit une non moins grande actrice, Catherine Deneuve, l’homme a peut-être des côtés sombres mais l’acteur est immense. Personnellement, je reconnais ses talents mais sa nature même et certains personnages qu’il a incarnés à l’écran m’ont mis mal à l’aise. J’ajoute que sa forme physique et son engouement pour les boissons alcoolisées m’ont un peu refroidit… Mais cela ne change rien au fond de l’affaire, ni m’amoindrit ses talents…
De quoi s’agit-il ? Comme un certain nombre de nos grands artistes, de nos grands sportifs et autres personnages connus aux grandes ressources financières (largement méritées), Gérard Depardieu a décidé de se retirer dans un paradis fiscal au motif que son type d’imposition dans son pays devenait confiscatoire. Il a donc migré vers la Belgique. Et la chose aurait dû en rester là. Mais voilà, la presse, en quête d’événements défrayant la chronique, a monté cette affaire en épingle, suscitant même des réactions gouvernementales qui furent elles aussi mises en exergue.
Depardieu, connu pour son caractère peu conformiste, a adressé une réponse cinglante dans un grand journal dominical, ce qui a attisé et alimenté la polémique. Mais dans toute cette affaire, le gouvernement n’a pas joué finement : il apparaît, à tort ou à raison, comme un ensemble qui veut dresser le Français moyen contre ceux qui ont réussi et s’en vont profiter ailleurs de leur argent , à l’heure où le reste de la nation souffre et doit supporter, seul, le poids des déficits et de la dette.
Il ne fallait pas s’engager dans cette voie qui risque de se retourner contre le gouvernement. Cette idée, par exemple, des 75% des retenues sur des revenus dépassant le million d’Euros, aurait dû être mieux préparée, mieux expliquée et mieux présentée. Certains, au gouvernement croient qu’elle plaît aux gens qui vivent la crise et en subissent les effets et que c’est la meilleure façon de se concilier leurs bonnes grâces électorales. Je pense sicnèrement que ce calcul est erroné : le corps électoral français a toujours été versatile et le président Hollande le sait, lui qui fait preuve d’une grande prudence : il se montre peu, intervient encore moins et ne se place sous les feux de l’actualité que lorsque la situation l’exige. Il a retenu les leçons d’ère Sarkozy qui est définitivement terminée.
Ce passeport russe, cette embrassade avec Vladimir Poutine, cette double nationalité belge, tout ce remue-ménage autour de Gérard Depardieu pourrait très bien lui profiter. La plupart des Français, surtout les plus indigents, n’aiment pas payer d’impôts. Au fond d’eux-mêmes, ils admirent pourtant Depardieu, même s’ils l’envient quelque part d’avoir réussi et de s’être enrichi. Mais au fond, il a tout fait pour y parvenir. Et il a réussi. Il est dangereux de surfer sur de tels sentiments qui peuvent se retourner soudainement.
Aujourd’hui, il faut que le soufflet retombe. Il faut oublier tout cela. Mais il faut aussi retenir une leçon : la France n’aime pas les grands bouleversements, elle n’aime pas ce tintamarre autour de tel ou tel autre.
Le gouvernement devrait se concentrer sur son travail ; redresser le pays, lui donner une économie saine et ne pas se servir de boucs émissaires. Car ceux ci apparaissent ensuite comme des victimes expiatoires. Et Gérard Depardieu est un cas difficile.
C’est une question de bon sens. Le gouvernement de la France à d’autres choses à faire.