L’une des conséquences du mariage pour tous : l’émergence d’une nouvelle classe de jeunes politiques Un fait, apparemment anodin, mais signalé par les analystes politiques les plus fins, est l’émergence d’une nouvelle classe politique, constituée d’éléments très jeunes, lycéens, collégiens et étudiants, jeunes travailleurs, etc… qui se mobilisent contre le mariage pour tous et font de cette opposition leur baptême du feu, leur entrée en politique. On se souvient que le même phénomène s’était produit avec les manifestations de mai 68 et que les autres lois, contestées par la rue, comme par exemple le CPE de Dominique de Villepin avait favorisé l’émergence de nouvelles personnalités politiques dans les deux camps, à droite comme à gauche. Mais il y a plus car on voit se dessiner sous nos yeux une nouvelle configuration allant de la droite traditionnelle au FN en passant par des mouvements d’inspiration chrétienne attachés à l’idée traditionnelle du couple et de la famille. Si l’on se projette bien plus loin, on peut s’interroger sur ce réveil du christianisme ou du judéo-christianisme qui structure depuis toujours les fondements de notre continent européen. Après tout, le Décalogue suivi de la Bible hébraïque et des Evangiles sont la constitution spirituelle de l’Europe. Et s’en prendre de manière frontale à une institution aussi cruciale que le mariage peut déclencher des réactions très vives et susciter, comme on l’a dit, des vocations juvéniles en politique. J’ai été frappé par le côté très BCBG des jeunes gens défilant contre ce mariage gay (je reprends la terminologie usuelle, sans formuler le moindre jugement de valeur). Je rappelle que l’homophobie est répréhensible et que la société peut évoluer. Ma seule réserve est la filiation et l’avenir des enfants. Mais le débat est si passionné car la moindre réserve est mal interprétée et aussitôt on vous prête de noires arrière-pensées que vous n’avez pas. Mais encore un mot sur l’effet structurant de l’affaire : l’Eglise catholique dont l’histoire se confond avec celle du pays tout entier, en dépit de quelques soubresauts ou crises, commence par la voix de ses plus hauts dignitaires, à se considérer comme une minorité dans son propre pays et marque une défiance palpable à l’égard de lois pouvant être votées par un parlement qui a rejeté les valeurs traditionnelles. Il faut prendre garde à cette évolution pour deux raisons : si la spiritualité est toujours la bienvenue, elle est parfois accompagnée de remugles de conservatisme religieux qui peut devenir dangereux.. La seconde raison qui incite à la prudence est la naissance d’un nouvel arc englobant des forces politiques, certes différentes, mais capables de s’unir pour défendre non plus une simple politique socio-économique mais une vision du monde, une Weltanschauung… C’est-à-dire des valeurs communes. N’oublions jamais ce que les sociologues nomment la genèse religieuse du politique. Le moule, la matrice de la politique et de la gouvernance sont souvent d’une autre nature… Il faut veiller au maintien de la paix civile.