Que se passe-t-il en Turquie ?
Les régimes autoritaires pèchent tous de la même façon : ils se lancent dans des croisades à l’extérieur pour divertir l’attention de leurs administrés qui ont, eux, le regard fixé sur les problèmes de politique intérieure. C’est ce qui est arrivé à tous les pays arabes qui se sont servis d’Israël comme d’un abcès de fixation et aujourd’hui c’est la Turquie de M. Erdogan qui est rattrapée par ce même processus. Car au bout d’un certain laps de temps, l’évidence finit par s’imposer aux yeux de tous et les peuples réclament que l’on s’occupe aussi de leurs propres problèmes au lieu de caresser des rêves lointains. Les manifestations de plus en plus violentes reprennent en Turquie. Un jeune manifestant est mort, touché à la tête par une grenade lacrymogène. Et les troubles repartent de plus belle. Aujourd’hui, les manifestants réclament tous le départ de M. Erdogan qui, évidemment, n’en fera rien. Plus de dix ans de pouvoir quasi absolu a coupé le premier ministre islamiste de la réalité dans son pays, surtout depuis qu’il s’est mis à poursuivre un rêve de grande puissance régionale. Il ne faut pas oublier ce grand procès intenté à d’anciens généraux, dont l’ancien chef d’état major interarmes, accusé de comploter contre le régime. Les lourdes condamnations qui s’ensuivirent ne laisseront pas indifférente l’armée turque qui ne peut pas ne pas être choquée par l’incarcération de son ancien chef. Et M. Erdogan ferait mieux de méditer l’exemple égyptien… Aujourd’hui, l’incendie s’est déclaré en Syrie, aux portes de la Turquie et si les frappes occidentales devaient intervenir, la Turquie, ouvertement anti-Assad, subira inéluctablement des représailles. Or, ce pays est membre de l’OTAN… La Syrie, les troubles intérieurs, la question kurde, le refus de l’Europe d’admettre son pays, tous ces points devraient convaincre l’actuel Premier Ministre de mettre un peu de miel dans son thé à la menthe. L’avenir de la Turquie réside dans une approche plus détendue des questions et dans un exercice moins autoritaire du pouvoir.