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Nelson Mandela ou les interminables obsèques
Cet article prend la défense d’un homme dont certains, depuis une semaine, instrumentalisent sans vergogne la disparition. Ce matin, encore, impossible de prendre des nouvelles du reste du monde car toutes les chaînes de télévision diffusent d’insipides discours célébrant les insurpassables qualités et vertus du disparu alors que la dignité et la pudeur réclament de laisser cet homme entrer dans la paix éternelle et le repos.
Cette captatio benevolae (captation d’héritage) avait commencé bien avant la mort de ce grand homme, quand on voyait l’actuel président Jacob Zumma se presser, éclatant de santé et de corpulence, contre un Mandela, déjà ailleurs, le sourire figé et le regard dans plongé dans le vide. Peu importait : il fallait capitaliser des soutiens en prévision de la prochaine échéance électorale… Et l’homme n’a pas agi ainsi une seule fois, on a même eu l’impression que ces obsèques s’étirant à l’infini avaient été savamment étudiées afin de permettre à une ANC, en perte de vitesse dans les sondages de se servir de Mandela, irremplaçable figure tutélaire du parti, de rebondir et de regagner le terrain perdu. En vain, car on vient d’entendre sur I-TELE qu’un sondage donne 51% de sud Africains qui souhaitent le départ de Zumma.. Ce qui signifie que ce matraquage a produit l’effet inverse à celui que ces gens escomptaient.
Mais comme l’a dit il y a une demi heure Olivier Ravanello d’I-TELE la pire des instrumentalisations, la plus éhontée et la plus cynique aussi, fut celle opérée par B. Obama qui n’a pas hésité à s’auto proclamer le digne héritier du disparu, faisant même remonter à ce grand personnage les origines de sa vocation politique.. En somme l’avocat de Detroit aurait toujours eu pour mentor l’homme de Soweto. Ce n’est pas convenable et Ravanello a bien eu raison de dénoncer en termes énergiques une telle tentative de récupération qui ne trompera personne. B. Obama devra déployer bien des efforts pour laisser une trace même minime dans l’Histoire.
Je me suis toujours demandé comment les hommes politiques font pour exhiber un tel cynisme, subir tant d’avanies, braver le ridicule, dans le seul but de rester au pouvoir et de continuer de bénéficier de ses oripeaux… C’est étrange ! Mais le ver est dans le fruit. Quand ils finissent par être renvoyés dans leurs foyers (dans la mesure où ils en ont conservé un), ils sombrent généralement dans la démence ou la mélancolie. Ils se rendent soudain compte qu’ils n’ont pas eu de vie, pas joui de la liberté, mais ils ont plutôt été l’esclave de leur vanité et de l’image qu’ils se faisaient d’eux mêmes. Une sorte d’idolâtrie, un culte de leur image extérieure au lieu de passer sa vie à peaufiner leur statue intérieure.