La conférence de Genève II à Montreux sur la Syrie ne sert à rien
Quel cafouillage ! Nous dénoncions dès hier la bévue incroyable du secrétaire général de l’ONU qui songeait à inviter l’Iran, un pays dirigé par des fanatiques religieux et qui commet des actes inqualifiables en Syrie, à cette conférence. Le secrétaire général de l’ONU pensait ligoter ainsi les Iraniens en faisant croire qu’ils admettaient le possible départ de Bachar du pouvoir ? Ce n’est évidemment pas le cas : les Iraniens tiennent à Bachar car c’est à travers son pays que leurs armes parviennent au Hezbollah, mouvement terroriste libanais chiite. Renoncer à la Syrie, c’est, pour les Iraniens, perdre toute leur zone d’influence au Proche Orient. C’est aussi perdre la guerre que l’Arabie Saoudite mène contre eux à travers la résistance syrienne.
Certes, un jour ou l’autre, le peuple syrien l’emportera et les Iraniens seront boutés hors du pays. Cela prendra du temps mais cela arrivera car on ne connaît pas de cas dans l’Histoire où un tyran a réussi à se maintenir au pouvoir contre son peuple. Le dossier syrien aurait déjà été réglé dans le bon sens si l’actuel locataire de la Maison Blanche n’avait pas flanché à la dernière minute et s’il n’avait pas été circonvenu par les Russes : les frappes d’objectifs militaires syriens étaient désignées, la France était prête ainsi que d’autres initiatives qui auraient considérablement affaibli le régime. En faisant faux bond, M. Obama a involontairement renforcé le régime en place.
Cette reculade ne s’explique pas uniquement par l’inexpérience et l’impéritie de M. Obama dont le second mandat peine à trouver un nouveau souffle. Ce qui a calmé les ardeurs guerrières de la Maison Blanche, ce sont les victoires inquiétantes sur le terrain des djihadistes dont le but ultime est d’installer un califat islamiste en Syrie. Du coup, Bachar apparaissait comme un moindre mal.
Mais ce qui se joue à Montreux dépasse, et de loin, la Syrie. Les USA veulent négocier avec l’Iran, même si le sénat rassemble une majorité des deux tiers pour imposer à ce pays de nouvelles sanctions. M. Obama a en vue un désengagement général, tant du Proche Orient que d’Afghanistan, afin de se concentrer sur l’Asie et sur la Chine qui cherche à se hisser au même niveau de développement stratégique. Or, pour se retirer d’Afghanistan, il faut s’assurer d’un modus vivendi avec l’Iran qui a une frontière commune avec ce pays.
Sur le long terme Washington mise sur un assagissement des Mollahs dont la population aspire désormais à vivre confortablement après toutes ces années de disette économique imposée par les sanctions. Ce n’est pas un calcul déraisonnable mais il reste risqué. Les valeurs ne sont pas les mêmes des deux côtés de la table des négociations. Les Américains seront toujours de grands enfants, il suffit de voir leurs films pour comprendre leur structure mentale profonde. Ils sont cyniques comme toute autre grande puissance à travers l’Histoire. Ils savent que l’Histoire est tragique, que les peuples peuvent disparaître mais il font confiance à des gens qui ne le méritent pas.
Ils l’ont appris à leurs dépens dans le monde arabe, ils ne vont pas tarder à le comprendre chez les Iraniens. La conférence dite de Genève II accouchera d’une souris. C’est bien triste et la coalition syrienne a raison de ne compter que sur ses propres forces.